Le 9 janvier dernier, à l’occasion du voyage présidentiel en Chine, Quechen Silicon Chemical a signé une lettre d’intention avec le Grand Port Maritime de Marseille, Kem One et Provence Promotion pour la construction d’une usine de silices hautement dispersibles (HDS) sur le port industriel de Marseille-Fos. La lettre prévoit qu’un contrat définitif actant l’implantation de l’industriel chinois devra être signé avant le 30 avril 2018. L’aboutissement de deux ans de travail et de tractation de l’ensemble des parties prenantes françaises pour faire face aux 27 autres candidatures européennes.
Un investissement de plus de 100M€
Cet investissement de l’ordre de 105M€ doit permettre la création de 130 emplois directs. La mise en service serait prévue vers 2020. Quechen Silicon Chemical, créée en 2003, est une entreprise basée à Wuxi (province de Jiangsu) reconnue comme le numéro 3 mondial de la silice à destination des pneus « verts » – ces pneus présentés comme réduisant la résistance de roulement de 20 à 35 % et la consommation de carburant de 3 à 5 % – et numéro 1 chinois pour la silice. Le groupe chinois emploie quelques 500 personnes sur deux sites en Chine et présente un chiffre d’affaires de près de 150M€ en 2017. Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille Provence et président de Provence Promotion, s’est réjouit de la « dynamique collective privée-publique » qui a permis d’aboutir à cette décision et prévoit que « Quechen Silicon Chemical sera sans aucun doute le premier d’une série d’investissements à capitaux chinois », en particulier pour le devenir de la plate-forme PIICTO (plateforme industrielle d’innovation Caban Tonkin) à Fos-sur-Mer. PIICTO, qui associe 13 partenaires industriels, est constituée d’une zone de 1200ha dédiée à la promotion de l’innovation pour la transition énergétique et à des initiatives permettant de pérenniser les activités industrielles existantes ou de favoriser la création de nouvelles activités à travers une approche d’écologie industrielle.
Une implantation stratégique
L’enjeu n’est pas seulement financier. L’intérêt industriel de cette implantation est la construction d’un complexe complet comprenant : une usine de silice HDS (d’une capacité de 90 000 t /an) et des unités pour les matières premières associées (silicate de sodium et acide sulfurique), ainsi que le développement d’un centre de R&D. En outre, Quechen a promis « une usine écologiquement vertueuse », à l’image de son usine de chinoise de Wuxi, récompensé pour son faible impact environnemental par l’association chinoise du pétrole et des industries chimiques. La parcelle d’implantation envisagée actuellement, d’une superficie de 12ha, est en partie occupée par Kem One, partie prenante de cet accord. En effet, l’usine du numéro 2 européen de la production de polychlorure de vinyle (PVC) à Fos-sur-Mer d’unités de production qui pourraient fournir des fluides à la future usine de Quechen. Frédéric Chalmin, directeur général de Kem One affirme ainsi que « le projet européen de Quechen Silicon Chemical rencontre pleinement la stratégie du groupe » et que le centre industriel de Fos « développera de nombreuses synergies avec cette future usine de silice » ajoutant qu’il est envisagé «une collaboration en recherche et développement ».
L’installation de Quechen prend place pour la Chine dans la stratégie de déploiement international des nouvelles routes de la soie ( Belt and Road initiative) visant à multiplier les coopérations multilatérales et à sécuriser les routes industrielles chinoises dans toute l’Eurasie, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Avec cette installation en Europe, Quechen pourra livrer ses clients internationaux comme Pirelli, Michelin ou Colgate en quelques jours au lieu de plusieurs semaines actuellement. Le développement rapide du chinois Quechen, qui construit aussi actuellement une nouvelle usine en Thaïlande et prévoit des implantations aux USA ou au Brésil, s’inscrit dans un marché mondial des silices de spécialité très dynamique qui devrait atteindre plus de 4 Md€ d’ici 2022 (rapport 2016 d Grand View Research).
Sophie Hoguin
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