Aujourd’hui encore le niveau de développement des pays africains est extrêmement hétérogène. Les progrès technologiques sur le continent ont longtemps été mis en oeuvre par des puissances étrangères au continent, à travers ce que l’on a appelé l’aide au développement. Si cette aide s’est avérée utile pour soutenir le continent et apporter de la manière la plus large possible les briques de développement nécessaires à la vie des populations – eau, alimentation, médecine… – la situation est bien différente aujourd’hui.
En effet, le continent africain dans son ensemble met en place des modèles d’innovations portés, au moins en partie, par les secteurs publics ou privés locaux, et dont la valeur ajoutée créée reste, en grande partie, sur le continent. Cette stratégie est une révolution, quand on pense aux modèles mis en place pendant de longues années sur le continent, qui le rendaient extrêmement dépendant des pays plus développés, notamment européens.
Comme le souligne Makhtar Diop, ancien vice-président de la banque mondiale pour l’Afrique, cette évolution dans la façon d’implémenter les modèles d’innovation répond au besoin des pays composant le continent africain de contrôler leur développement : « Aujourd’hui plus que jamais, les pays africains sont en quête de nouveaux champs de croissance pour s’affranchir des scénarios classiques. Avec sa population jeune et ambitieuse et ses économies solidement engagées sur une trajectoire de croissance, d’investissements et de réformes en faveur de l’innovation, le continent possède tous les atouts – humains, matériels et politiques – pour surmonter les difficultés et être l’instrument de sa propre transformation. »
Pour être l’instrument de sa propre transformation, et tracer un avenir à une population ayant la moyenne d’âge la plus jeune du monde, les pays africains développent des modèles innovants sur trois aspects prioritaires : le financement, le maintien de la valeur ajoutée au niveau du territoire, et la durabilité des mécanismes innovants développés, notamment à travers l’éducation et la formation.
Le développement de l’innovation financière et du financement de l’innovation
Pour trouver des solutions de financements permettant aux jeunes startups du continent de bénéficier des appuis nécessaires à la conduite de projets technologiques innovants et performants, l’innovation financière est un enjeu prioritaire. Ces financements, issus de capitaux privés et des politiques nationales de financement de l’innovation propres à chaque pays du continent, ont subi des bouleversements ces dernières années. Outre le fait que les technologies, comme la blockchain par exemple, permettent une gestion plus saine des transactions financières, l’innovation financière a permis à de nouveaux acteurs de proposer des solutions de crédit et de financement des startups d’un genre nouveau, avec une répartition des efforts entre le secteur public et le secteur privé jamais observée auparavant. Ce qui a permis dans un premier temps au continent dans son ensemble de s’équiper des infrastructures nécessaires à la mise en place d’écosystèmes innovants. Si le financement des infrastructures a été mis à mal par la crise sanitaire actuelle, force est de constater qu’il a résisté tant bien que mal. Car l’Afrique, qui évolue vers le libre échange à travers le développement de la Zeclaf (zone de libre échange continentale africaine), a des objectifs de développement ambitieux, en coopération avec les Nations Unies (à l’horizon 2030) et l’Union Africaine, à l’horizon 2063.
D’ici là, le continent dans son ensemble veut se doter d’infrastructures de transports ferroviaires performantes, de la capacité à produire seul sur son territoire l’ensemble des produits de consommation de base, d’un secteur spatial concurrentiel, d’une université virtuelle, entre autres. Si certains de ces sujets sont déjà dans une phase de développement concrète, la stratégie d’ensemble est établie. A travers des mécanismes de financement performants et durables, le continent s’échine désormais à conserver la valeur créée localement, ce qui lui permet dans le même temps de pérenniser sur des bases saines la formation et l’avenir de sa jeune population.
Par P.T
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