Décryptage

Quels emplois pour les ingénieurs en 2030 ?

Posté le 22 septembre 2022
par Pierre Thouverez
dans Entreprises et marchés

La décennie que nous vivons va voir évoluer fortement le métier d’ingénieur, pour deux raisons. D’abord, les mutations industrielles à venir vont entraîner certains secteurs vers une évolution de leur activité, qui s’accompagnera de destructions de certains emplois, et de la création d’autres. Aussi, l’émergence de nouveaux secteurs d'activités va entraîner la création de nombreux postes.

La Dares (direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques) a publié un rapport sur “les métiers en 2030”. A la lecture de ce rapport, force est de constater que la décennie débutée il y a deux ans va voir croître le nombre d’emplois destinés aux ingénieurs. En tout cas dans les secteurs porteurs, comme l’informatique. Dans certains secteurs, comme l’automobile, l’équation est beaucoup plus complexe. En effet, ce secteur en particulier va devoir opérer une mutation drastique vers la production de véhicules non thermiques, et ceci relativement rapidement. Cette mutation, si elle va permettre de créer de nombreux emplois liés au développement de nouveaux types de véhicules, va également entraîner la disparition de tout un spectre d’emplois, sur toute la chaîne de fabrication de l’industrie automobile. Le risque est de voir sur le marché de l’emploi un ratio offre/demande totalement déséquilibré, pour certains postes, pendant que s’opère cette mutation industrielle.

Bien sûr, l’exemple de l’automobile est transposable à bien d’autres secteurs de l’industrie, et le rapport de la Dares a entre autres pour objectif de fournir aux décideurs les informations pertinentes pour anticiper au mieux ces déséquilibres potentiels entre offre et demande, sur le marché de l’emploi.

Comme le souligne le rapport, les projections à 10 ans comportent une dose d’incertitude. Malgré tout, la Dares a extrait des métiers, qui devraient être en forte expansion entre 2019 et 2030.

Parmi les 15 métiers les plus en progression identifiés, ce sont les ingénieurs informaticiens qui devraient voir leur nombre augmenter le plus (+26%). Viennent ensuite en 8ème position les métiers d’ingénieurs et cadres techniques de l’industrie (+24%). On peut également citer les métiers de cadres de bâtiment et des travaux publics (+30%). 

La progression des métiers de l’industrie s’explique, selon le rapport, par « le recentrage sur le cœur de métier de l’industrie qui a conduit à l’externalisation de fonctions support, y compris stratégiques (conseil), de contrôle (qualité, environnement) et de distribution. Symétriquement, certaines fonctions industrielles, comme la maintenance des équipements ou le contrôle de la qualité, sont devenues essentielles dans de nombreux secteurs d’activité. De ce fait, les ingénieurs et cadres de l’industrie comme les techniciens et agents de maintenance sont aujourd’hui souvent recrutés par les secteurs du conseil (stratégie, analyses techniques) et du commerce (maintenance et contrôle qualité), même s’ils exercent également dans des activités industrielles ».

L’ingénieur va donc être appelé à exercer des missions professionnelles sur des champs d’activités de plus en plus élargis. La hausse des effectifs, et donc le besoin en recrutements, en particulier pour les catégories « ingénieurs et cadres techniques de l’industrie » et « ingénieurs de l’informatique », serait, selon les projections de la Dares, comblé pour près de trois quarts par les jeunes débutants arrivant sur le marché du travail. Une situation plutôt favorable par rapport à d’autres secteurs d’activités, pour lesquels les projections sont d’une offre trois fois supérieure à la demande.


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