4 %. C’est la part d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial liée à l’usage du numérique en 2019, estimée par le think tank The Shift Project dans son rapport « Déployer la sobriété numérique ». Ces gaz sont émis par la combustion des énergies fossiles (pétrole, le charbon, gaz). A titre de comparaison et pour montrer l’ampleur de l’impact du numérique, les experts utilisent les émissions des transports aériens « qui en génère[nt] 2,5 % si on se limite aux émissions directes des avions », précise Hugues Ferreboeuf, chef de projet au sein du Shift Project, dans un entretien accordé à Libération. En 2017, le numérique représentait environ 2,7 % de la consommation globale d’énergie finale au niveau mondial contre 1,9 % en 2013.
Dans ces 4 % de part du numérique sont compris à la fois l’utilisation des services et la fabrication des terminaux, ces derniers contribuant pour plus de la moitié des émissions comptabilisées selon The Shift Project. Ces terminaux – que sont les smartphones, ordinateurs, etc. – sont connectés entre eux par des infrastructures réseaux (câbles terrestres et sous-marins , antennes de réseaux mobiles, fibres, etc.) pour échanger des informations qui seront ensuite stockées et traitées dans les centres de données (datacenters). « Or chacun de ces éléments nécessite de l’énergie non seulement pour fonctionner (phase d’utilisation) mais également, avant cela, pour être produit. L’extraction minière des matières premières, les processus industriels puis les livraisons aux consommateurs et consommatrices nécessitent des ressources conséquentes, loin d’être négligeables » précise le rapport du Shift Project.
Accord de Paris et neutralité carbone
Même si l’impact du numérique est « multicritère », les émissions de gaz à effet de serre – notamment le dioxyde de carbone (CO2) – contribuent au réchauffement climatique. Et pour respecter l’Accord de Paris signé en 2015 (que les Etats-Unis viennent de rejoindre à nouveau) – dont l’objectif est de maintenir ce réchauffement sous les +2°C par rapport à la valeur préindustrielle –, il faudrait réduire les émissions de moitié. Avec une volonté de neutralité carbone à l’horizon 2050 incluse dans la feuille de route de la France pour lutter contre les changements climatiques.
A l’horizon 2025, « le numérique devrait représenter entre 6,9 et 8,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre avec un scénario attendu à 7,6 %, soit un doublement de la part de ce secteur », publie France Stratégie, institution rattachée au Premier ministre. L’évaluation globale de la consommation énergétique du numérique, reposant sur les chiffres du Shift Project, est détaillée dans un document de travail réalisé en octobre 2020. Sont également mises en avant dans ce rapport deux technologies dites émergentes suscitant « de fortes craintes en termes énergétiques », à savoir les crypto-monnaies reposant sur des blockchains publiques et l’internet des objets, dont la consommation énergétique est peu étudiée.
« Les chiffres dont on dispose sont basés sur des modèles et contiennent forcément des approximations, explique Hugues Ferreboeuf à Libération. Il n’y a pas de mesure exhaustive à ce jour et l’évaluation de l’empreinte carbone du numérique est encore quelque chose de relativement nouveau. C’est très important de le dire car cela montre bien que l’on n’a pas pris à sa juste mesure l’ensemble des effets sur l’environnement de la révolution numérique, en s’imaginant qu’elle était surtout une solution et très peu un problème pour le climat. »
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