Techniques de l’Ingénieur : Comment en êtes-vous venu à créer Thermoptim ?
Renaud Gicquel : Professeur en énergétique à l’école des Mines – Paris Tech, j’ai développé dès 1998, en partenariat avec Techniques de l’Ingénieur, ce logiciel de modélisation des systèmes énergétiques. Le but était de renouveler l’enseignement de la discipline, souvent rébarbatif pour les étudiants. Thermoptim repose ainsi sur une approche graphique des systèmes, l’utilisateur pouvant connecter comme il le souhaite différents composants, paramétrer les valeurs caractéristiques, et laisser le logiciel faire les calculs automatiquement.
Il permet ainsi de modéliser des turbines à gaz aussi bien que des systèmes de réfrigération, et même des centrales électriques, de façon sécurisée et facilitée. C’était le premier logiciel de ce type destiné à l’énergétique.
Techniques de l’Ingénieur : Qui en sont les principaux utilisateurs ?
Renaud Gicquel : Aujourd’hui utilisé par plus de cent-vingt établissements d’enseignement en énergétique à travers le monde, Thermoptim est aussi utilisé par des grands groupes industriels pour modéliser leurs installations, tels EDF, Total, Areva, etc.
Il s’adresse également aux débutants, tels les étudiants ingénieurs en thermodynamique appliquée, grâce à sa version de base, permettant des calculs relativement simple, et qui est la plus répandue.
Techniques de l’Ingénieur : Quels sont les ajouts possibles ?
Renaud Gicquel : A cette version de base, dite 2.5, s’ajoutent deux compléments : la version 2.6, axée sur la méthode d’optimisation systémique dite « du pincement », ou exergétique, et la version 2.7, qui permet l’étude de l’adaptation d’un système sous régime non-nominal, ou régime varié. Ces deux compléments sont bien sûr disponibles ensemble, sous la version 2.8.
L’avantage d’avoir des versions différentes étant de permettre aux initiés d’accéder à des fonctions supplémentaires sans pour autant altérer l’ergonomie de l’outil pour les novices ne nécessitant pas l’ensemble des fonctions.
Parallèlement à ces compléments, l’utilisateur peut ajouter des extensions comprenant des composants supplémentaires à ceux déjà présents dans ce que l’on appelle le noyau de Thermoptim. Il s’agit de composants plus rares, tels les piles à combustible, qui ne concernent qu’une petite partie des utilisateurs. Le gros avantage de ce système, c’est que ces extensions sont éditées en logiciels libres, ce qui permet aux utilisateurs de créer leurs propres composants supplémentaires et de les partager avec d’autres.
Propos recueillis par Bruno Decottignies