Au mois de mars l’année dernière, la surprise d’un confinement et l’incertitude sanitaire ont amené les Français, et les consommateurs du monde entier, à privilégier des emballages – massivement en plastique – à usage unique, des sacs jetables, en plus des masques obligatoires.
A l’été 2020, cette tendance s’est étiolée, laissant penser un retour progressif à la normale. Le gouvernement a repoussé certaines interdictions concernant les emballages plastiques à usage unique, pour s’adapter à la crise, mais a gardé sa ligne de route, afin d’arriver à une interdiction totale des plastiques jetables d’ici 2040, l’objectif annoncé.
Les mois de février et mars 2021 ont vu la consommation de plastiques jetables repartir à la hausse partout dans le monde, ce qui permet de dessiner une tendance plus que contextuelle autour de la demande d’emballages individuels à usage unique.
Un retour du plastique qui dépasse l’aspect contextuel de la crise sanitaire
Cette hausse de la demande, ajoutée aux besoins sanitaires et hospitaliers en plastiques, qui n’ont jamais été aussi importants, fait aujourd’hui face à la fluctuation importante du cours des matières premières. En effet, au mois d’avril 2020, le cours des matières plastiques est alors au plus bas, suivant celui du pétrole. Le plastique neuf est alors à un prix plus bas que le plastique recyclé. Cela pénalise donc la filière recyclage du plastique, qui voit la demande en plastique recyclé chuter. Depuis, les cours ont remonté, assez brutalement, et l’offre en plastiques en vient à se tarir.
Les effets des confinements successifs impactent également la collecte et le recyclage. D’abord, la baisse d’activité observée depuis un an explique une diminution des volumes collectés. Mais ce n’est pas tout. Les consignes de tri sont moins respectées, et la collecte est plus compliquée, au vu des restrictions sanitaires.
L’activité du secteur de la plasturgie dépend de celle des autres secteurs industriels
Au final, les volumes de plastiques collectés, qui avaient chuté de 25% en mars 2020, sont remontés depuis, sans jamais atteindre leur niveau d’avant crise. Si la chaîne de collecte, de tri et de valorisation est moins efficace aujourd’hui, c’est aussi parce que les secteurs industriels sont impactés différemment par la crise actuelle.
D’où des distorsions entre l’offre et la demande, que ce soit sur les plastiques neufs ou recyclés. Prenons l’exemple des masques : il sont la plupart du temps en polypropilène, un plastique que l’on peut recycler pour fabriquer par exemple des pare-chocs de voitures. Si l’industrie du masque tourne à plein régime depuis un an, le secteur automobile, lui, traverse une des pires crises de son histoire. On le voit, les difficultés propres à chaque secteur industriel viennent s’ajouter et fragiliser la santé de la filière plasturgie, très sollicitée depuis un an. D’ailleurs, le Plan de relance avait attribué une aide de 16 millions d’euros au secteur en décembre 2020.
Aujourd’hui, ces fragilités ont pris une forme concrète avec la multiplication des tests PCR et antigéniques de dépistage pour lutter contre la propagation du virus. La production de tous les matériels nécessaires à la réalisation de ces derniers et à leur interprétation consomme du plastique, et laisse planer des doutes sur la capacité de la France à s’approvisionner suffisamment, la majorité du plastique étant produite en Asie.
Sur toute la filière plastique, de la production à la transformation en passant par le recyclage, la crise sanitaire et ses effets économiques ont donc des conséquences sur l’offre et la demande. Si certaines usines se trouvent extrêmement sollicitées, d’autres sont en manque de commandes depuis près d’un an.
La reprise économique annoncée pour l’été, avec toutes les incertitudes qu’elle comporte, pourrait permettre au secteur de la plasturgie de retrouver un peu sérénité, dans une période où les projections se font au jour le jour.
Cet article se trouve dans le dossier :
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