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Quand nos médicaments rendent les eaux malades

Posté le par La rédaction dans Environnement

250 chercheurs internationaux réunis à Paris début septembre tirent la sonnette d'alarme : des milliers de médicaments ingérés par l'homme finissent dans les cours d'eau. Conséquence : les rivières et leurs occupants sont intoxiqués. Les stations d'épuration ont, quant à elle, une efficacité limitée.

La première Conférence internationale sur les risques liés aux résidus de médicaments dans l’environnement s’est tenue les 8 et 9 septembre à Paris et a réuni plus de 250 scientifiques. « La conférence a pour objectif de réaliser une synthèse des données les plus récentes, permettant d’identifier, définir, mesurer, et gérer les risques environnementaux et sanitaires, liés aux résidus de médicaments issus de la pratique médicale et vétérinaire et présents dans l’environnement », lit-on sur le site internet.

Peu de données concrètes

L’impact des médicaments consommés par l’homme a déjà été démontré par le passé. Plus précisément en 1976 avec la mise en évidence de résidus médicamenteux dans l’eau aux États-Unis. Mais grâce à l’avancée de la technologie, les instruments de mesure sont de plus en plus précis et permettent de mieux cerner le phénomène. Ce premier congrès a également été l’occasion de compiler les données scientifiques disponibles sur le sujet. Conclusion : peu d’études ont été réalisées et beaucoup de zones d’ombre persistent notamment en ce qui concerne les concentrations, les seuils d’exposition et les conséquences sanitaires et écologiques.

Le ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, présente à cette première mondiale a annoncé le lancement d’un plan micropolluants 2016-2021 dont le principal objectif est de protéger les eaux en réduisant les émissions à la source et d’aider la recherche à mieux connaître et estimer les dangers que représentent les résidus médicamenteux et autres micropolluants. Un premier bilan dressé en 2014 illustre l’importance d’un tel plan : à peine 50 % des eaux continentales de surface seraient en bon état chimique, pour les deux tiers dont l’état est connu ; le taux est à peu près le même pour les eaux des estuaires ; les eaux souterraines et de mer vont un peu mieux avec 67 % des eaux souterraines et les trois quarts des eaux côtières jugées en bon état.

Un risque négligeable pour l’homme

Des résidus d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires, d’anxiolytiques, d’hormones et d’autres prescriptions finissent après avoir été ingérées dans les urines et les selles puis dans les eaux usées et in fine dans les cours d’eau. Les stations d’épuration ne les filtrent pas totalement parce que d’une part, elles n’ont pas été conçues pour cela, à savoir stopper des molécules de très petites tailles et leurs bactéries se révèlent souvent incapables de dégrader ces éléments chimiques de synthèse. Pour autant, Yves Lévi, biologiste et chimiste, responsable du groupe « santé publique – environnement » à l’Université Paris Sud se veut rassurant. «  Il faut traiter le problème avec intelligence, sans affoler ni nier, insiste-t-il sur le site de Pourquoi Docteurs. Les concentrations enregistrées dans les pays riches qui disposent d’usines d’épuration sont très faibles. Le risque est actuellement considéré comme négligeable, mais il y a un gros volet d’incertitudes autour de cela. »

Mais aucune réglementation pour ces résidus

Autrement dit, l’eau potable reste de bonne qualité mais rappelons qu’aucune réglementation n’impose la vérification de la présence ou non de résidus médicamenteux. A défaut de données concrètes sur le sujet, les solutions relèvent davantage du bon sens : éviter la surconsommation de médicaments ; rapporter les médicaments non utilisés en pharmacie pour le recyclage ou encore augmenter l’efficacité des stations d’épuration. L’ozone s’est montrée intéressante pour dégrader certaines molécules mais le procédé reste coûteux. La Suisse teste actuellement cette technique sur ses stations d’épuration.

Par Nadia Daki

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Posté le par La rédaction

Les derniers commentaires

  • La Suisse est effectivement en période de test (finaux). La STEP (station d’épuration) de Vidy à Lausanne a été inclut dans un projet pilote désormais terminé et est actuellement en travaux pour se doter d’un traitement avec ozonation et charbon actif (ce dernier étant très performant dans ce domaine également et pouvant aussi retenir les éléments fragmentés par l’ozonation parfois encore problématiques du point de vue environnemental).


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