Les accidents, incidents, défaillances industrielles et les analyses menées pour en prémunir la société constituent une source fondamentale de réflexion en éthique de l’ingénierie.
Cependant, ce questionnement ne porte pas uniquement sur la question du risque et de la sécurité. Par exemple, ce n’est pas tant l’avènement d’accidents particulièrement marquant qui a réveillé en Allemagne le souci de l’éthique dans les milieux d’ingénieurs : c’est la mise en cause de la collaboration de la profession, de ses savoirs et de son pouvoir d’action, au régime du IIIe Reich.
Au Québec, ce sont les insuffisances d’une approche purement déontologique défendues par l’Ordre des Ingénieurs du Québec (OIQ) chargé d’encadrer de façon réglementaire la profession et la mise en lumière de scandales mettant en cause des membres de cet ordre, qui ont donné un nouvel élan aux discussions en éthique de l’ingénierie au début des années 2000.
Le milieu des ingénieurs connaît en effet, au Québec, une crise sans précédent, depuis le début des années 2000. Il y a eu d’abord l’accident du viaduc de la Concorde qui a entraîné le 30 septembre 2006 la mort de 5 personnes et en a blessé 6 autres qui a révélé de grave manquement aux règles de l’art.
D’autres scandales ont éclaté dans les années qui ont suivi, éclaboussant le secteur de la construction. L’intégrité des ingénieurs, en particulier des 15% des diplômés exerçant dans le conseil, est devenue un sujet d’actualité alimenté quotidiennement par les affaires mis au jour par la Commission Charbonneau. Créée en 2011, par le gouvernement du Québec, cette commission qui porte sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction a été mise en place afin « d’alimenter la preuve, de faire connaître les stratagèmes de corruption et de collusion, de protéger les témoins et les victimes et d’assurer de meilleures pratiques dans l’avenir ». Même si toute la profession n’est pas directement concernée, l’ensemble de ses membres a été touché par ces scandales.
Le Bureau de l’OIQ qui est l’instrument prévu par le code des Professions pour contrôler l’exercice des membres des professions réglementées (et doté d’un ordre) se penchait jusqu’en 2009 presque exclusivement sur des plaintes pour fautes techniques (80 en 2008-2009).
Il a été poussé, par la multiplication des reportages et des perquisition menée dans les grandes entreprises de construction, à enquêter sur des dossiers portant sur les problèmes de collusion, de corruption et de contributions politiques illégales, devant ainsi développer de nouvelle compétences.
En 2014, plus de 500 enquêtes étaient en cours dont 180 découlaient directement d’allégations faites devant la Commission Charbonneau. L’OIQ s’est engagé à dégager toutes les ressources nécessaires afin que ses membres adoptent des conduites et des pratiques professionnelles exemplaires et qu’ils gagnent à nouveau la confiance du public : enquête, sanction, information, formation…
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