Pour assurer la sécurité des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, un système de QR code est mis en place par les autorités. Le but : filtrer les entrées de certaines zones particulièrement sensibles au risque d’attentat. Une plateforme pour obtenir ce laissez-passer numérique a été ouverte par la préfecture de Police de Paris. Ce document est indispensable pour certaines catégories d’usagers qui auraient besoin de se déplacer dans le périmètre de sécurité. C’est le cas des personnes habitant dans ces zones ou qui y travaillent, ainsi que celles qui ont besoin de s’y rendre pour par exemple aller à un rendez-vous professionnel ou médical. Les spectateurs munis d’un billet pour la cérémonie d’ouverture ou les épreuves sportives n’auront pas besoin de ce « Pass-jeux ».
Ces QR codes vont permettre d’améliorer la gestion des foules aux abords des sites et de vérifier rapidement l’identité des personnes, en réduisant les files d’attente. Ils permettront aussi de minimiser les risques de fraude puisqu’une enquête administrative est effectuée à chaque demande. Plusieurs informations personnelles sont demandées pour obtenir le sésame, comme le nom, prénom, date et lieu de naissance et adresse… Il faudra aussi ajouter une photo d’identité récente, ainsi qu’un justificatif motivant sa demande (justificatif de domicile, d’hébergement temporaire, de travail ou de visite dans la zone pour par exemple se rendre à un rendez-vous médical).
La technologie pour mettre en œuvre ces QR codes n’est pas nouvelle, ceux-ci n’étant ni plus ni moins qu’un code-barre bidimensionnel qui renvoie à une base de données pour en contrôler la véracité. Avant Paris, d’autres pays hôtes des JO sont allés beaucoup plus loin dans la sécurisation numérique. À l’image de Tokyo, où les autorités japonaises avaient déployé un système de reconnaissance faciale pour assurer la sécurité et fluidifier les allées et venues des athlètes, des membres de leur staff, des bénévoles et des journalistes. En 2022, la Chine avait à son tour usé d’un arsenal de surveillance plus généralisé puisqu’en plus de la reconnaissance faciale, une application obligatoire anti-Covid était soupçonnée d’espionner les utilisateurs, de même que le réseau internet du village olympique.
La vidéosurveillance intelligente sera testée pendant les Jeux
Pour les JO de Paris, une « loi olympique », votée en 2023, interdit l’usage de la reconnaissance faciale ainsi que toute forme de recoupement de fichiers, mais elle permet d’expérimenter la vidéosurveillance intelligente. Le traitement par l’intelligence artificielle (IA), appelé « caméra augmentée », sera capable de détecter automatiquement huit types d’événements : non-respect du sens de circulation, franchissement ou présence dans une zone sensible ou interdite, mouvement de foule, densité trop importante de personnes, colis abandonnés, présence ou utilisation d’armes, personnes au sol, départs de feux.
La mise en œuvre des QR codes nécessite la création d’un fichier et soulève la question de la protection des données personnelles. Ce fichier est créé sur la base d’un arrêté du 2 mai 2011 relatif aux fichiers des résidents des zones de sécurité constitués à l’occasion d’un événement majeur. Mais cet arrêté a dû être modifié à l’occasion des JO de Paris afin notamment d’y inclure de nouvelles catégories de données (photographies, justificatifs d’accès…). La Cnil a confirmé la légitimité de ce traitement des données, mais a cependant demandé certaines modifications. Ainsi, les copies de cartes nationales d’identité, permis de conduire, passeports et titres de séjour ne seront conservées que le temps nécessaire à la délivrance du QR code, tandis que les autres données seront conservées trois mois, comme c’était déjà le cas auparavant.
Dans un article publié dans The conversation, deux chercheurs de l’Université de Bordeaux, alertent sur le fait que le choix des QR codes n’est pas anodin. « Il s’inscrit, au contraire, dans la dynamique du techno-solutionnisme qui fait du recours aux outils technologiques un principe et une solution à tout problème humain, sans penser les conséquences de cet usage systématique. Il participe également à l’accoutumance des citoyens à ces outils dans un contexte où chacun est déjà soumis aux pressions directes et indirectes des grandes entreprises du numérique », écrivent-ils.
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