En ce moment

Qista, une start-up française contre les moustiques

Posté le 31 juillet 2024
par Matthieu Combe
dans Chimie et Biotech

Qista est une start-up française qui empêche la reproduction des moustiques et fournit des données utiles sur les populations. Et ce, sans insecticide ! Explication.

L’été est souvent synonyme de piqûres de moustiques. Saviez-vous que seuls les moustiques femelles piquent, après l’accouplement, pour porter leurs œufs à maturation ? Et pour repérer l’être humain, elles suivent un mélange olfactif, composé du CO2 qu’il rejette et de l’odeur caractéristique de sa peau. La start-up française Qista[1], qui propose à la vente des bornes d’aspiration de moustiques, explique : « C’est ce que va reproduire par biomimétisme la borne Qista. Elle vient dans un premier temps expulser du CO2 pour reproduire l’expiration de l’être humain et grâce à un leurre olfactif, elle vient reproduire l’odeur corporelle de l’être humain. La femelle moustique va repérer ce mélange de molécules, s’approcher de la borne, être aspirée par la machine et se retrouver piégée dans un filet. »

Une borne sans pesticide pour moins d’impact

L’entreprise a été créée en 2014 pour proposer une solution de lutte efficace contre le moustique, qui ne repose pas sur des pesticides ou phéromones, afin d’impacter au minimum la biodiversité. Selon des tests menés pendant deux ans par la Tour du Valat, un institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, la borne permettrait de réduire de 88 % les nuisances sur les humains. « Toutes les 10 minutes, on passait de 15 à 1 piqûre en pleine Camargue », assure Qista.

L’entreprise réalise une étude d’implantation, gratuite et sans engagement, pour définir l’emplacement idéal de la borne sur un terrain et définir les moustiques à cibler. « Il existe deux types de leurre : un qui est principalement destiné au moustique tigre, et un autre destiné aux autres moustiques », explique Qista. Le leurre se présente sous la forme de petites billes biosourcées, à recharger tous les mois. Les tests ont mis en avant un taux de sélectivité qui dépasse les 90 %, selon l’entreprise. Il y aura toutefois bien quelques insectes non ciblés qui se font aspirer en passant à côté de la borne.

Deux produits pour deux portefeuilles

Son produit phare, actuellement en vente pour les particuliers et les professionnels du tourisme, est le modèle Visio+, un piège connecté lancé en 2023. Pilotable à distance à partir d’une application, il remonte des données de capture, à partir de 1338,90 euros. « Ce nouveau modèle permet de réduire la consommation de CO2 : une bouteille de 10 kg permet désormais une autonomie de deux mois, contre un mois auparavant, ce qui est plus économique pour le client », partage Qista. Le système utilise du CO2 recyclé, issu d’un procédé de méthanisation.

En mai 2024, l’entreprise a sorti un nouveau produit non connecté, plus accessible pour le grand public. À partir de 780 euros, il ne remonte pas de données de captures. Les deux bornes sont majoritairement constituées de polypropylène recyclé. Et 80 % de la structure et des pièces électroniques sont sourcées en France, avance l’entreprise.

Cartographier la présence du moustique

Différentes utilisations peuvent être faites avec les données récoltées par la borne Visio+. L’utilisateur aura notamment accès aux taux de capture des moustiques. En collaboration avec des collectivités et des gouvernements, les données permettent aussi de cartographier la présence du moustique dans une ville, ou un quartier, et d’évaluer les évolutions d’émergence du moustique.

La ville d’Hyères, sur la côte méditerranéenne, est la plus belle vitrine de l’entreprise, avec un parc de 400 machines. Qista explique : « Nous allons ainsi être en capacité de dire qu’une évolution est anormale, qu’un gîte larvaire s’est créé et il sera ainsi possible de le traiter de façon mécanique et efficace. C’est un moyen de prévention dans les villes. »

L’entreprise est présente sur 36 territoires, dont l’Espagne, le Portugal, l’Italie, le Sénégal et les Émirats arabes unis. 13 000 bornes sont installées dans le monde dont 80 % en France. « Notre objectif d’ici 4 ans est de conquérir l’international pour avoir plutôt 80 % des bornes à l’étranger et 20 % en France », partage Qista.


[1] La start-up française Qista


Pour aller plus loin