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Publications scientifiques : la France chute du 6e au 13e rang mondial

Posté le 14 mars 2025
par Nicolas LOUIS
dans Entreprises et marchés

Un rapport de l'Observatoire des Sciences et Techniques (OST) révèle que l'Hexagone a lourdement chuté dans le classement mondial du nombre de publications scientifiques entre 2010 et 2022. La France conserve malgré tout une discipline de forte spécialisation, à savoir les mathématiques.

Une dégringolade. La France est passée du 6e au 13e rang mondial dans le classement du nombre de publications scientifiques entre 2010 et 2022. C’est ce que révèle un rapport publié par l’Observatoire des Sciences et Techniques (OST)[1] sur la position scientifique de l’Hexagone dans le monde. Sur la même période, l’Allemagne régresse du 4e au 5e rang, derrière l’Inde et le Royaume-Uni, tandis que la Chine prend la tête de ce classement (en 2018), devant les États-Unis. D’autres pays à hauts revenus ont été plus performants que la France, à l’image de la Corée du Sud qui passe du 11e au 8e ou de l’Italie qui est parvenue à conserver son 7e rang.

Le déclin de l’Hexagone a commencé avant cette période, puisque les auteurs de cette étude notent que dès la première décennie des années 2000, « les publications scientifiques de la France sont apparues relativement peu dynamiques, y compris en comparaison de certains autres pays intensifs en recherche ». Puis l’érosion de sa part mondiale de publications s’est poursuivie au cours de la dernière décennie. Ainsi, entre le début et la fin de la décennie 2010, la part des publications de la France a baissé d’un quart, pour s’établir à 2,4 % sur la période allant de 2017 à 2022. Sur la même période, celle de l’Allemagne a enregistré une baisse plus modérée, pour atteindre 3,9 %.

Sans surprise, le rapport indique que les pays publiant le plus sont ceux qui investissent le plus dans la recherche, qu’elle soit publique ou privée, et qui comptent le plus grand nombre de chercheurs dans les activités de R&D publiques. Quant à ce nombre de chercheurs, il dépend d’une combinaison de facteurs, tels que la taille du pays et la richesse nationale. « En Europe par exemple, l’Allemagne et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni comptent plus de chercheurs et publient sensiblement plus de contributions que la France, souligne l’OST. Mais au regard du nombre de chercheurs l’Italie, les Pays-Bas ou la Suède publient relativement plus de contributions scientifiques que d’autres pays européens ».

Alors qu’au cours des quinze dernières années, la part de l’anglais dans les articles scientifiques a continué de progresser dans le monde, la France ne suit pas cette tendance. Ainsi, 5 % des articles continuent à être rédigés dans une autre langue que l’anglais – au même niveau que l’Allemagne, alors que cette part est passée de 5 % entre 2010 et 2016 à 3,5 % entre 2017 et 2022.

Un tassement des indicateurs d’impact scientifique de l’Hexagone

Au-delà du nombre total de publications, l’OST a également analysé l’impact des articles à travers ceux qui sont publiés dans les revues les plus citées. Considérée sous cet angle, la France se classe au 8e rang mondial, mais là encore, un tassement des indicateurs d’impact scientifique de l’Hexagone est observé et a commencé au milieu de la décennie 2010. Par exemple, les indicateurs d’impact de la France se situent au niveau de la moyenne sur la période allant de 2016 à 2021, alors que ceux de la Suisse, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et des États-Unis sont 30 à 40 % au-dessus de la moyenne mondiale. À titre de comparaison, l’Allemagne, l’Australie, le Canada, l’Italie et la Chine se situent entre 10 et 30 % au-dessus de la moyenne.

Le rapport met en lumière les matières de prédilection de la France. Les mathématiques restent la première discipline de spécialisation, puisque la part de ses publications est 70 % plus élevée que celle de cette discipline dans le total mondial. D’autres disciplines de spécialisation apparaissent, comme la biologie fondamentale, la physique, les sciences de la Terre et de l’Univers, ainsi que les sciences humaines, avec une part de publication 20 % plus élevée. En sciences humaines, l’histoire est la catégorie qui compte le plus de publications, mais ce qui est vrai pour la France, l’est aussi au niveau mondial.


[1] L’OST dépend du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres)


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