12 juillet 2012. Philippe Varin, Président du Directoire de PSA Peugeot Citroën, officialise les rumeurs : suppression de postes et fermeture d’usine. Anticipant l’onde de choc, Philippe Varin préfère même faire son annonce hors caméra… Comment PSA a pu en arriver là ? Le déclin du constructeur automobile s’est joué en trois temps.
Premier acte : une santé financière excellente. Rappelons qu’en 2010, les ventes mondiales affichaient des chiffres record : une augmentation de 13 % pour 3 602 millions d’unités vendues, dont 9.8 % pour les voitures et utilitaires légers. A l’époque, le directeur des marques du groupe, Jean-Marc Gales, faisait remarquer qu’ « une forte proportion [des] ventes est désormais réalisée hors d’Europe ». En effet, les marchés automobiles mondiaux ont crû de 10 % en 2010, tirés par la Chine (+ 30 %) et l’Amérique latine (+ 14 %) alors que l’Europe était déjà en baisse de 4 %.
Deuxième acte : premiers signaux d’alerte ignorés. Malgré ce constat, les chiffres des ventes en 2011 restant bons avec 3 500 millions d’unités écoulées, le directeur des marques ne fait pas remonter l’information, induisant peut être Philippe Varin en erreur. Ce dernier ne fait donc rien pour réduire les stocks et limiter la production des usines française, se retrouvant avec une surcapacité de production de 20 %. Or, stocker coûte cher, très cher. Jean-Marc Gales sera d’ailleurs remercié en décembre. De son côté, Renault a déjà commencé à limiter ses stocks.
Après avoir renouer avec les bénéfices en 2010, l’année 2011 affiche un bénéfice net du groupe en chute libre de 48,1%. Plus précisément, son chiffre d’affaires a progressé de 7 % à 59,9 milliards, mais avec un résultat opérationnel courant en recul de 27 % à 1,3 milliard d’euros. Surtout, celui du secteur des voitures devient critique avec une perte de 92 millions.
Dernier acte : effondrement de la branche automobile. L’année 2012 commence sous de mauvais auspices : les chiffres des ventes se dégradent dès le premier semestre avec une baisse de 8 %. Le taux moyen d’utilisation des usines européennes du Groupe s’est détérioré à 76 %, contre 86 % en 2011. Taux encore plus faible pour les petites voitures, secteur sur lequel PSA Peugeot Citroën réalise 42 % de ses ventes, quand ses concurrents fabriquent essentiellement ces modèles dans des pays à bas coûts.
Le destin de l’usine d’Aulnay, site où n’est fabriqué que la C3 s’assombrit. Sachant que le site de Poissy dédié à la Peugeot 208 et les Citroën C3 et DS3 est lui aussi en surcapacité. Rassembler la production de la C3 sur un seul site devient évident, la fermeture du site d’Aulnay, inévitable.
Et malgré ce que peuvent en dire les syndicats ou les politiques, la branche automobile de PSA est bel et bien devenue un gouffre financier, le groupe n’étant sauvé que par son activité de finance et de crédit. Cette fois, il n’y aura pas de deus ex machina.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
(Crédit photo : AFP)
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