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Produits chimiques : quel impact sur la santé des enfants ?

Posté le 17 décembre 2018
par Aliye Karasu
dans Chimie et Biotech

Une récente étude américaine, publiée ce mois-ci dans Human Reproduction, suggère que la composition chimique des cosmétiques et des produits classiques d’hygiène et de soins pourrait altérer l’équilibre hormonal. Les jeunes filles exposées in utero ou en phase prépubère à ces produits risqueraient, en effet, une puberté précoce.

Des chercheurs de l’Université de Californie, à Berkeley, ont tenté d’expliquer l’augmentation de la puberté précoce constatée chez les jeunes filles ces dix dernières années. Pour cela, l’équipe de chercheurs, conduite par Kim Harley et Brenda Eskenazi, a réalisé une étude permettant de connaître le rôle joué par les composés chimiques présents dans les produits cosmétiques sur la santé des enfants et des adolescents.

Cette étude s’appuie sur des données de 338 couples mères-enfants collectées pendant la période in utéro et à l’adolescence.

Dans un premier temps, durant la grossesse des mamans, des tests d’urine permettant de mesurer les concentrations des trois classes de produits chimiques à savoir des parabènes, des phtalates et des phénols (le triclosan et la benzophénone) ont été réalisés. Les mamans ont également été soumises à des questionnaires afin de renseigner leur potentielle exposition à ses produits chimiques.

Dans un deuxième temps, les chercheurs ont suivi le développement des enfants issus de ces grossesses – 159 garçons et 179 filles – en calculant la concentration de composés chimiques présents dans les urines des enfants à l’âge de neuf ans puis en les examinant pour repérer des signes éventuels de puberté tous les neufs mois entre leurs neuf ans et leurs 13 ans.

Les observations révèlent que plus de 90 % des échantillons d’urine prélevés chez la mère et l’enfant présentaient des concentrations détectables des trois classes de produits chimiques. Le triclosan a été détecté dans seulement 73 % des échantillons d’urine issus des femmes enceintes et 69 % des échantillons issus des enfants de neuf ans.

L’étude met également en évidence qu’à chaque fois que la dose de phtalate doublait dans l’urine des mères, en comparaison à un indicateur de base, le développement des poils pubiens chez une jeune fille survenait un mois et trois semaines plus tôt que l’âge moyen. De même, dès que la concentration de triclosan était doublée, en comparaison à un indicateur de base, les menstruations apparaissaient un mois plus tôt que la moyenne.

Les jeunes filles de l’étude présentaient pour la moitié d’entre elles des signes de puberté précoce à savoir l’apparition des poils pubiens à partir de 9,2 ans et une survenue de leurs premières règles à 10,3 ans. Ces observations étaient particulièrement prégnantes chez les filles dont les mères avaient le plus fort taux de phtalate de diéthyle et de parabens.

L’effet de l’exposition in utéro ou en phase prépubère à ses composants chimiques est toutefois très peu visible sur le développement des jeunes garçons.

Il faut préciser que ces résultats sont susceptibles de ne pas refléter l’exposition habituelle car les produits chimiques en question sont rapidement métabolisés dans l’organisme, altérant ainsi l’exactitude des mesures effectuées.

Cette nouvelle étude apporte ainsi sa pierre à l’édifice d’une littérature de plus en plus abondante selon laquelle l’exposition à certains produits chimiques pourrait interférer avec le système endocrinien humain et avoir notamment une incidence sur la précocité de la puberté chez les enfants.


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