C’est un virage que personne n’avait envisagé : un effet collatéral à une crise pandémique que personne n’avait également prévue. Alors que les gouvernements successifs légifèrent pour limiter les usages du plastique et trouver des alternatives à son utilisation, le Covid-19 a – temporairement – freiné cet élan.
La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire précise les conditions d’interdiction de la mise à disposition de certains produits en plastique à usage unique. Cette interdiction, qui doit être effective à partir du 1er juillet 2021, concerne pour le moment une palette réduite d’objets en plastique à usage unique : emballages en polystyrène pour l’alimentation à emporter, piques et tiges en plastique… avec l’objectif, toujours d’actualité, d’en finir avec le plastique jetable d’ici 2040. L’interdiction des emballages plastiques à usage unique individuels pour les fruits et légumes a été repoussée à plus tard, en raison de la crise sanitaire. A l’heure actuelle, difficile d’imaginer comment se passer de ces emballages d’ici l’été, alors que la fin de la crise sanitaire n’est pas pour demain, et que les consommateurs ont encore aujourd’hui besoin d’être rassurés.
Le plastique rassure les consommateurs
Dès le mois de mars 2020, les consommateurs se sont rués, dans les grandes surfaces, sur les emballages plastiques à usage unique et sur les sacs plastiques. Pour des raisons sanitaires bien sûr, même si rien à ce moment-là n’indiquait que le plastique permettait de limiter les risques de contamination. Le manque de connaissances sur les mécanismes d’action et de propagation du Covid-19, lors du premier confinement, a livré les consommateurs à eux-mêmes : par réflexe, ils ont estimé que les emballages uniques en plastique, et le fait d’isoler les produits achetés dans des sacs plastiques était le meilleur moyen de se protéger contre ce nouveau virus. Un raisonnement logique, et appuyé – partiellement – par la science.
Le secteur de la santé a également jeté assez rapidement son dévolu sur le plastique : passée la polémique sur les masques, leur utilisation est devenue obligatoire dans l’espace publique. Les gels hydroalcooliques également ont envahi notre quotidien, avec leurs contenants en plastique. Pour les professionnels de santé, l’utilisation en grande quantité des blouses, masques, visières, mais aussi de matériels comme les respirateurs, les seringues, les tests, ont entrainé une forte augmentation de la demande en plastique. Une augmentation liée à la pression hospitalière.
Le secteur de la plasturgie a d’ailleurs parfois eu toutes les peines du monde à répondre à cette augmentation brutale de la demande.
Si les gouvernements successifs se sont engagés à réduire la consommation de plastique, afin de limiter le volume des plastiques en fin de vie à traiter, la crise du Covid-19 et l’urgence qui s’en est suivie a fait du plastique un matériau « refuge » pour l’agroalimentaire.
Pour la santé, le contexte est différent : le plastique a toujours constitué un matériau innovant pour le secteur, il a notamment permis depuis des décennies de sauver des vies, par exemple en limitant, grâce l’usage unique, les risques de maladies nosocomiales. Depuis le mois de mars 2020, l’usage du plastique a donc fortement augmenté dans le secteur médical, en raison de la hausse de l’activité.
Une demande globale en plastique stable
Au-delà de ces deux secteurs industriels, la demande en plastique, dans les autres secteurs, est tributaire de la situation de chaque activité.
Sans surprise, les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique, à l’arrêt pendant de longs mois, ont moins sollicité l’industrie plasturgique. Pour le premier d’entre eux, la situation revient petit à petit à la normale. Pour le second, difficile de prévoir quelles seront la portée réelle des répercussions à court et moyen termes sur le secteur.
Le secteur informatique, lui a profité de la généralisation, pendant un moment, du télétravail. Cette décision, qui est aujourd’hui encore partiellement en vigueur, a obligé une partie des salariés, au niveau mondial, à s’équiper, ce qui a sollicité le secteur informatique, et donc indirectement le secteur de la plasturgie produisant des pièces pour les matériels informatiques.
Au final, la production globale de plastique, pour prendre le cas du continent européen, est en baisse. Le blocage total des secteurs industriels que l’on vient d’évoquer a eu plus d’impact que les hausses de la demande observées dans les secteurs de l’agroalimentaire et de la santé.
Sur le premier semestre de 2020, le vieux continent a ainsi vu sa production de plastique baisser d’environ 11 %. Une situation donc très inégale selon les secteurs concernés.
Par Pierre Thouverez
Cet article se trouve dans le dossier :
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