Grâce à plusieurs brevets, la start-up Spinofrin peut proposer aux industriels une technologie et des services permettant la production industrielle de particules submicroniques, améliorant leur solubilité et leur efficacité.
Ce nouveau procédé, né à partir d’une technologie développée au laboratoire Nanomatériaux pour les systèmes sous sollicitations extrêmes de l’institut franco-allemand de recherches de St Louis, s’adresse plus particulièrement aux entreprises de la pharmacie, des cosmétiques et de l’agroalimentaire. Il permet de produire industriellement des particules inférieures au micron -submicroniques- afin d’augmenter leur surface active. Une caractéristique qui augmente la réactivité, la solubilité ou l’efficacité des composés et matériaux ainsi réduits.
Une découverte explosive
Parmi les trois brevets internationaux sur lesquels s’appuient Spinofrin, celui sur le procédé d’évaporation flash est central. Le SFE (Spray flash evaporation) est un procédé qui produit des particules submicroniques à partir d’un composé en solution dans un liquide et qui peut passer à l’échelle industrielle sans être modifié. Au départ, les chercheurs travaillaient sur un moyen de fabriquer des cristaux submicroniques d’explosifs pour les utiliser dans la synthèse de particules de diamants artificiels. Ils ont réalisés que leur procédé pouvait en fait s’appliquer à divers types de matériaux et changer facilement d’échelle. Le SFE consiste à placer une solution initiale sous forte pression (40 bars) puis à la détendre à travers une buse dans une enceinte sous vide (5mbars). Les gouttes de liquide sont fragmentées avant l’évaporation du solvant et engendrent des particules de taille inférieure au micron.
Une start-up version studio
Spinofrin a été co-créée en février 2018 par les chercheurs de l’Institut franco-allemand de Saint-Louis et du CNRS, et par Technofounders, un « start-up studio ». Depuis 2017, le CNRS s’est allié à Technofounders pour accélérer la création d’entreprise à partir des technologies nées dans ses laboratoires. Le CNRS qui assure, via un programme de prématuration où les équipes peuvent développer un prototype, une première sélection des recherches, propose ensuite à Technofounders celles qu’il estime les plus prometteuses. Le «start-up studio» Technofounders, s’il estime que la technologie peut donner naissance en 24 mois à un produit ou à un service suffisamment différenciant par rapport à l’offre existante et que les clients potentiels vont réellement utiliser ce produit ou ce service, s’engage alors dans la création de la start-up en tant que cofondateur et s’implique directement dans le développement de l’entreprise. Il apporte un financement, un capital humain de management et de commercial et met en place petit à petit une équipe opérationnelle autonome à laquelle Technofounders passe la main pour ne finalement rester présent qu’au niveau du capital.
Un potentiel bien concret
Spinofrin s’adresse ainsi aujourd’hui aux acteurs de la pharmacie, des cosmétiques, de l’agroalimentaire et des matériaux pour leur proposer des études de faisabilité de submicronisation, la fabrication d’échantillons de quelques centaines de grammes pour leurs propres tests et pourra ensuite accompagner la phase d’industrialisation pour optimiser le rendement à grande échelle puisque le procédé permet de produire de quelques grammes à plusieurs tonnes. Dès mai 2018, une dizaine d’entreprises avait déjà passé commande ou manifesté leur intérêt, annonçait le CNRS dans sa lettre de l’innovation.
Sophie Hoguin
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