Décryptage

Préserver les écosystèmes augmente la rentabilité des entreprises

Posté le 26 novembre 2015
par La rédaction
dans Entreprises et marchés

Les écosystèmes fournissent aux entreprises de nombreux bénéfices communément désignés «services rendus par les écosystèmes». Les forêts fournissent du bois d’oeuvre et des fibres, purifient l’eau, régulent le climat et constituent un réservoir de ressources génétiques. Les systèmes fluviaux apportent de l’eau douce, de l’énergie et des sites propices aux loisirs. Quant aux zones humides littorales, elles filtrent les pollutions, atténuent les effets des inondations et sont des sites de reproduction indispensables aux pêcheries.

Pourtant, ces écosystèmes et d’autres, se dégradent rapidement sous l’effet des activités humaines. Le Millenium Ecosystem Assessment, le plus vaste audit jamais réalisé sur l’état et les tendances des écosystèmes planétaires, met en évidence que les écosystèmes se sont dégradés plus rapidement et plus intensément ces 50 dernières années qu’à n’importe quelle autre période de l’histoire de l’humanité. En fait, 15 des 24 services écosystèmiques évalués dans l’étude se sont détériorés au cours du dernier demi-siècle. L’Évaluation du Millénaire prévoit la poursuite de ce déclin sur les décennies à venir, en raison notamment de la croissance démographique, du développement économique et du réchauffement climatique. En l’absence de mesures appropriées, cette dégradation risque de mettre en péril le bienêtre économique futur, créant des gagnants et perdants au sein du monde des affaires.

La dégradation des écosystèmes est d’une grande pertinence pour l’activité économique car les entreprises ont d’une part un impact sur les écosystèmes et les services qu’ils rendent, et d’autre part en sont fortement dépendantes. Par conséquent, la dégradation des écosystèmes peut présenter un certain nombre de risques pour la performance des entreprises, mais par ailleurs peut aussi créer de nouvelles opportunités économiques. Ces risques et opportunités peuvent être d’ordres différents :

Opérationnel

Réglementaire et juridique

Image et réputation

Marchés et produits

Financement

Malheureusement, les entreprises omettent bien souvent d’établir le lien entre la santé des écosystèmes et leur rentabilité. Nombre d’entre elles ne se rendent pas réellement compte de l’ampleur de leur dépendance ou de leur impact vis-à vis des écosystèmes, ni de leurs possibles conséquences. De même, les systèmes de management environnementaux et autres outils d’audit environnemental sont fréquemment peu adaptés à la détection des risques et opportunités découlant de l’exploitation et de la dégradation des services rendus par les écosystèmes. À titre d’exemple, de nombreux outils s’avèrent plus adaptés pour gérer des enjeux «traditionnels» de pollution ou de consommation des ressources naturelles. La plupart sont axés exclusivement sur les impacts environnementaux, et non sur l’aspect de dépendance. Par ailleurs, ils se concentrent aussi uniquement sur les risques, et non sur les opportunités commerciales. Les entreprises risquent donc de se trouver prises au dépourvu ou de rater des occasions de bénéficier de nouvelles sources de revenu associées aux évolutions écosystémiques.

L’évaluation des Services rendus par les Écosystèmes aux Entreprises (ESR) a été conçue précisément pour combler ces lacunes. Elle présente une méthodologie structurée permettant aux gestionnaires d’entreprise de mettre au point des stratégies de gestion des risques et opportunités découlant de leur dépendance et de leur impact vis-à-vis des écosystèmes, au-delà de ce que permettrait une simple étude d’impact environnemental. Les entreprises pourront réaliser un audit ESR en tant que procédure autonome, ou l’intégrer dans leur système de management environnemental existant. Dans les deux cas, la méthodologie peut utilement compléter et optimiser les outils d’évaluation dont l’entreprise dispose déjà.

Créer de la valeur

L’évaluation des services écosystémiques peut contribuer à créer de la valeur pour des entreprises de secteurs ayant une interaction directe avec les écosystèmes, de type agriculture, fabrication de boissons, traitement des eaux, exploitation forestière, pétrole, gaz, extraction minière ou tourisme. Elle s’avérera de même pertinente pour les secteurs de la grande distribution, de la santé, du conseil, des services financiers ou autres industries tertiaires, dans la mesure où leurs fournisseurs et/ou clients interagissent directement avec les écosystèmes. Les grands distributeurs par exemple peuvent se trouver confrontés à des risques de marché ou d’image si certains de leurs fournisseurs sont responsables de la dégradation d’écosystèmes et des services que rendent ces derniers.

Ce document décrit les cinq étapes de réalisation d’une Évaluation des Services Écosystémiques (Tableau 1). Il présente un cadre analytique, des études de cas ainsi que des suggestions utiles pour faciliter chacune des étapes. Enfin, un descriptif de moyens et outils à la disposition des gestionnaires d’entreprise pour réaliser une évaluation ESR est proposé en conclusion, y compris une feuille de calcul sur «l’évaluation de dépendance et d’impact», des comptes-rendus scientifiques, des approches d’évaluation économique et autres outils spécifiques à ce domaine.

La dégradation, à l’échelle planétaire, des écosystèmes et des services qu’ils rendent menace de transformer les conditions dans lesquelles opèrent les entreprises. L’Évaluation des Services Écosystémiques est une démarche volontaire permettant aux entreprises de mieux gérer leurs risques et opportunités émergents. Elle leur permettra par ailleurs d’établir le lien entre la santé des écosystèmes et leurs résultats financiers, en encourageant non seulement des bonnes pratiques d’entreprise plus durables, mais également en favorisant le soutien du monde des affaires à des politiques visant à protéger ou à restaurer les écosystèmes.

Source : http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/livre-blanc/biomimetisme-une-source-dinspiration-pour-les-entreprises-29906/


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