Xavier Berger, responsable du service banc de tests systèmes chez Safran Engineering Services, nous présente le projet Iron Train, basé sur des technologies National Instruments, et issu des méthodes utilisées en aviation.
Techniques de l’Ingénieur : Vous venez de présenter, ici à la NI Week 2014, le projet Iron Train. Pouvez-vous nous présenter ce projet, le contexte dans lequel il est né, et le retour d’expérience sur ce projet ?
Xavier Berger : Le projet est né d’une demande d’un client qui s’est aperçu qu’il avait besoin de nouvelles solutions pour réaliser l’intégration des différents systèmes de son train. Précédemment, pour faire la validation, l’intégration de tous les systèmes d’un train. Cela prenait beaucoup de temps, il fallait faire des essais sur un train zéro, donc fabriquer un premier train, et louer des rails à un organisme. Cela coûtait très cher, prenait beaucoup de temps, et ne permettait pas une couverture complète des tests avant mise en service.
L’objectif du client était donc d’améliorer la maturité directement à la mise en service de son train. Pour cela, nous lui avons proposé de transposer une technologie que nous utilisons beaucoup dans l’industrie aéronautique, qui s’appelle l’Iron Bird. C’est ce que nous avons réalisé en faisant cet Iron Train.
L’une des choses à laquelle nous avons fait attention, c’est d’avoir la possibilité de faire évoluer ce système dans le temps, soit dans le sens où nous aurions des modifications à réaliser, soit dans le sens où nous voudrions ajouter différents systèmes au niveau du train. C’est-à-dire que nous pouvons démarrer avec un train 100 % simulé, et puis rajouter au fur et à mesure des éléments réels, et avoir ainsi un mode hybride de fonctionnement.
C’est donc une méthode suffisamment souple pour être transposée sur d’autres modèles de trains ?
Effectivement, j’ai présenté l’architecture pour un train à grande vitesse, mais nous avons démarré un deuxième projet six mois plus tard pour un train régional. A priori, ces deux trains n’avaient rien à voir, par contre, notre banc était capable de s’adapter aux deux trains. C’est une solution utilisable pour différents trains du même constructeur. Imaginons demain, avoir à faire la même chose pour un autre fabriquant de trains ayant ses propres technologies propriétaires, nous aurions juste à développer des nouvelles briques technologiques, et à venir les implémenter sur le squelette existant de l’Iron Train.
Les contraintes de temps n’étant pas les mêmes pour les tests sur trains que sur avions, comment avez-vous réduit le temps de travail sur ce projet ?
C’est là qu’intervient National Instruments. Notre client avait des délais très courts, dix-huit mois, beaucoup plus courts que ceux de l’aéronautique. Si nous n’étions pas partis sur les solutions VeriStand, Compact RIO, PXI, FPGA, etc, des solutions très flexibles disponibles sur étagères, nous n’aurions jamais pu tenir les délais.
Cette méthode qui est à la fois fiable et rapide, allez-vous la transposer à nouveau des trains vers l’aéronautique ?
En aéronautique, pour tout ce qui est Iron Bird, les produits National Instruments ne sont à ce jour pas utilisés par Safran. Par contre ils le sont pour différents autres projets dans l’aéronautique, par exemple pour les calculateurs de régulation de moteurs d’avions.
Même si l’architecture est différente, nous utilisons donc les mêmes technologies, la même méthode de travail, les mêmes possibilités.
Vous disiez lors de votre présentation que votre client souhaitait désormais systématiquement utiliser cette méthode de travail ?
Effectivement, le retour sur investissement et le retour d’expérience du client ont été très positifs. De ce point de vue il a gagné beaucoup de temps sur la partie intégration de son train, puisqu’il a fait rouler des dizaines de milliers de kilomètres avant même de produire le premier train, donc il a débloqué énormément de choses au niveau de l’intégration de ses différents systèmes. Et quand il les a mis sur des vrais rails, tous ses objectifs de tests ont été atteints du premier coup. Ce qui n’avait jamais été vu dans l’industrie ferroviaire.
Aujourd’hui, sa vision est d’essayer de standardiser ce type de produits pour les prochains programmes qu’il pourrait avoir. Et d’essayer d’avoir un outil tout à fait générique qu’il puisse utiliser sur ses différents projets.
Pour finir, quel est votre ressenti sur NI Week 2014 ?
C’est la deuxième fois que j’y participe. A chaque fois, c’est l’occasion de découvrir de nouveaux produits, c’est l’occasion aussi d’échanger beaucoup avec les gens de National Instruments, de rencontrer les gens avec qui nous sommes en contact généralement de loin, de mettre un visage sur un nom. Et puis, ça permet de rencontrer de nombreuses personnes avec qui nous pourrions être amenés à travailler.
Par Bruno Decottignies, journaliste
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