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Première injection d’hydrogène dans le réseau de transport de gaz de GRTgaz

Posté le 27 février 2020
par Joël Spaes
dans Énergie

GRTgaz, le gestionnaire du réseau de transport de gaz, vient d’annoncer avoir procédé aux premières injections d’hydrogène dans ses gazoducs à partir du démonstrateur du procédé Power to Gas, Jupiter 1000, situé à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône.

Les premières molécules d’hydrogène ont été injectées « avec succès » le 20 février, se félicite GRTgaz, qui rappelle dans un communiqué qu’il s’agit « d’une étape majeure dans le développement de solutions de décarbonation du gaz et de ses usages, du stockage d’énergie et de synergies entre réseaux gaz et électriques ».

Jupiter 1000 est le premier démonstrateur français de la technologie de Power to Gas (de l’électricité au gaz, ou P2G en initiales anglaises), à l’échelle industrielle, raccordé au réseau de transport.

Jupiter 1000 va permettre de valoriser les excédents d’électricité renouvelable, grâce aux capacités massives de stockage et de transit des infrastructures gazières existantes, rappelle GRTgaz. L’électricité en surplus sera en effet convertie en hydrogène par deux électrolyseurs mais aussi en méthane de synthèse par le biais d’un réacteur de méthanation et d’une structure de capture de CO2 à partir de fumées industrielles voisines. L’installation, de 1 MWe, permettra de produire jusqu’à 200 m3 d’hydrogène par heure et 25 m3/h de méthane. Sa capacité de production sera ainsi de quelque 5 millions de kWh d’énergie sur trois ans. Parmi les partenaires du projet, McPhy a fourni les électrolyseurs, de 0,5 MWe chacun, l’un alcalin et l’autre PEM (Proton exchange membrane). La CNR livrera l’électricité en surplus à partir de ses parcs éoliens et solaires. Leroux & Lotz s’occupe du CO2 pour la méthanation, laquelle est réalisée par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) et Khimod.

Le lancement opérationnel de l’installation est d’autant plus important qu’il va aussi permettre aux opérateurs français d’infrastructures gazières de poursuivre et valider leurs travaux d’étude sur le volume d’injection soutenable par les infrastructures. Ces derniers estiment, dans un rapport sur les conditions techniques et économiques d’injection d’hydrogène dans les réseaux de gaz naturel remis en juin 2019 au Ministère de de la Transition écologique et solidaire dans le cadre du Plan de déploiement de l’hydrogène pour la Transition écologique, que les infrastructures gazières peuvent « accepter dès à présent un taux de 6 % en volume d’hydrogène en mélange et jusqu’à 20 % à plus long terme avec des coûts d’adaptation modérés ».

Jupiter 1000 doit ainsi permettre à l’ensemble des partenaires industriels du projet (CEA, CNR, Khimod, Leroux & Lotz, McPhy, Port de Marseille Fos, RTE, Teréga et GRTgaz) de tester le fonctionnement de l’installation et des équipements, d’évaluer l’impact de l’hydrogène sur les réseaux et son usage dans un process industriel, ainsi que de consolider l’étude économique sur la base des performances constatées, contribuant à l’émergence d’une filière Power to Gas en France.

Le site du démonstrateur Jupiter 1000, avec injection d’hydrogène dans le réseau de GRTgaz/GRTgaz/Jérôme Cabanel

Les prochaines semaines seront consacrées à l’optimisation du fonctionnement de l’ensemble de la chaîne de production, compression-injection, avant d’entamer les tests de performance et les analyses d’optimisation technico-économiques de l’installation, indique GRTgaz dans un communiqué publié à cette occasion.

Si le lancement de Jupiter 1000 constitue une première pour le réseau de transport de gaz, le réseau de distribution de gaz de GRDF expérimente déjà l’injection de l’hydrogène avec le démonstrateur GRHYD, inauguré en juin 2018 à Cappelle-la-Grande, près de Dunkerque, dans le Nord. Après avoir démarré avec 6 % d’injection d’hydrogène dans le réseau, l’installation est passée en 2019 à un taux de 10 % et a validé le principe d’un passage à 20 % d’hydrogène en volume dans le réseau de distribution. Ici encore, c’est l’utilisation des ressources « périssables » du futur parc éolien en mer de Dunkerque qui sont visées à terme.

Photo de Une : GRTgaz/Jérôme Cabanel


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