Le PNUE et l’AIE dévoilent un nouveau rapport consacré à l’efficacité énergétique des systèmes de refroidissement mondiaux. Le développement d’un refroidissement respectueux du climat est capital et passera par des appareils et des bâtiments plus efficaces en énergie.
Techniques de l’Ingénieur se faisait récemment l’écho d’une nouvelle étude montrant que la climatisation pourrait devenir inévitable à Paris dans les prochaines décennies. Aujourd’hui, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) appellent, dans un nouveau rapport, à rapidement mettre en place un refroidissement respectueux du climat pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Des appareils qui se multiplient à vitesse grand V
3,6 milliards d’appareils de réfrigération – climatiseurs, réfrigérateurs… – sont utilisés dans le monde aujourd’hui, et ce nombre augmente de 10 appareils par seconde. En 2018, le stock mondial d’équipements de refroidissement a consommé environ 3 900 térawattheures d’électricité sur l’année (TWh/an). Cela représente environ 17 % de la demande mondiale en électricité. La climatisation représente la plus grande part et consomme actuellement environ 2 000 TWh/an.
Ce rapport de synthèse portant sur les émissions et les politiques de refroidissement prévoit la généralisation de ces équipements. Ils devraient plus que tripler pour atteindre 14 milliards en 2050. Selon l’AIE, le doublement de l’efficacité énergétique de l’industrie du refroidissement et la transition vers des réfrigérants plus respectueux du climat permettraient de réduire le besoin de 1 300 gigawatts de capacités de production d’électricité supplémentaires pour répondre au pic de demande en 2050. Cette mesure permettrait d’économiser jusqu’à 2 900 milliards de dollars au même horizon.
Des liens étroits entre refroidissement et réchauffement
Les systèmes de refroidissement contribuent à amplifier le changement climatique à deux niveaux. Ils utilisent des hydrofluorocarbures (HFC), des gaz à effet de serre extrêmement puissants. En plus, ils nécessitent beaucoup d’électricité pour fonctionner, principalement obtenue par des énergies fossiles. À mesure que le climat se réchauffe, la demande croissante en refroidissement renforce le réchauffement dans une boucle de rétroaction destructrice. « Sans intervention politique, les émissions directes et indirectes de la climatisation et de la réfrigération devraient augmenter de 90 % par rapport aux niveaux de 2017 d’ici 2050 », prévient le rapport.
En améliorant l’efficacité énergétique des systèmes de réfrigération dès aujourd’hui, grâce aux plans de relance, le rapport estime qu’il serait possible de réduire de 210 à 460 milliards de tonnes d’émissions de CO2 au cours des 40 prochaines années. C’est l’équivalent de 4 à 8 ans d’émissions mondiales de gaz à effet de serre, sur la base de 2018.
Apprendre de la crise sanitaire
« Alors que les gouvernements mettent en place des plans de relance économique massifs pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise de la COVID-19, ils ont une occasion unique d’accélérer les progrès en matière de refroidissement efficace et respectueux du climat, alerte Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE. En améliorant l’efficacité du refroidissement, ils peuvent réduire le besoin de nouvelles centrales électriques, diminuer les émissions et faire économiser de l’argent aux consommateurs. »
La crise sanitaire a montré l’importance du refroidissement afin de protéger les plus vulnérables. Il faudra demain assurer le refroidissement lors des vagues de chaleur pour protéger les plus fragiles, et plus généralement l’ensemble des populations des pays chauds. Le refroidissement est capital pour stocker les aliments frais, assurer un approvisionnement énergétique stable et continu, mais aussi pour protéger les vaccins sensibles à la température.
Des pistes politiques et commerciales
Les solutions politiques sont déjà sur la table. En 2016, les 197 Parties au Protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone ont adopté l’amendement de Kigali. Il programme la fin progressive des HFC d’ici 2050. La suppression des HFC devrait permettre de réduire de 0,4°C le réchauffement de la planète d’ici à 2100. Le rapport incite à la ratification et la mise en œuvre universelle de cet amendement. Le PNUE et l’AIE appellent en plus les pays à prendre en compte des engagements sur le refroidissement dans le cadre de la mise à jour des contributions nationales (NDC) à l’Accord de Paris.
Afin d’accélérer la transition, il faut facilement identifier les produits les plus performants. Le rapport invite à élaborer des normes minimales de performance énergétique, ainsi qu’un étiquetage de l’efficacité énergétique. Il propose de déployer des campagnes de sensibilisation pour « mettre fin au dumping de produits nocifs pour l’environnement » et « éviter le fardeau des technologies de refroidissement obsolètes et inefficaces ».
L’AIE et le PNUE promeuvent des codes de construction pour réduire les besoins en réfrigérant. Cela passe par l’intégration du refroidissement des quartiers dans la planification urbaine, l’amélioration de la conception des bâtiments, le déploiement des toitures végétales et l’ombrage des arbres. En plus, il faudra améliorer les chaînes du froid pour réduire les pertes de denrées alimentaires et réduire les émissions liées.
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