Les réalités sociales, économiques et environnementales de notre société évoluent. Pour y faire face, les ingénieurs de demain devront s’armer de nouvelles compétences. Il s’agira notamment de répondre à la mutation technologique due au numérique, à la transition énergétique et à la santé connective. L’ingénieur retrouvera alors sa place centrale dans la société, place ombragée pendant un temps par le « business man ».
L’institut Mines-Télécom identifie 5 territoires de compétences transverses prioritaires. Au coeur, on retrouve l’expertise qui fait la force de l’ingénieur. Mais cet expert devra aussi cultiver son influence, son agilité, sa responsabilité et son ingéniosité. Car l’ingénieur de demain n’est pas un savant isolé.
En plus de nouvelles compétences techniques de pointe, l’ingénieur devra convaindre, oser, être réactif, pluridisciplinaire, adaptable au travail collaboratif avec des experts de plusieurs domaines et agile pour créer des inventions de rupture. Plus qu’un simple ingénieur, il devra aussi être entrepreneur. « L’ingénieur entrepreneur n’est plus l’homme de laboratoire qui a fait la découverte magique et déposé un brevet, mais celui qui est capable de transférer à son client tout le pouvoir que peut donner l’avance technologique, celui qui a « l’empathie » client », note le rapport d’étude « Portrait de l’ingénieur en 2030 ».
« Il ne faut pas que de la maîtrise technique, il faudra surtout une grande ouverture d’esprit sur des nouveaux sujets (environnement, biodiversité, éco-mobilité, sécurité…) », note Sylvia Godret, Directrice de Vincy Academy. Responsable, l’ingénieur saura s’affranchir de la dictature du court terme pour penser avec sérénité et justesse le long terme.
Un ingénieur plein de ressources et influent
L’ingénieur devra être influent pour sécuriser ses ressources. « A l’heure du crowdfunding, du crowdsourcing et autres démarches collaboratives bottom-up générées par l’horizontalisation de la société, l’influence est plus puissante que l’autorité. C’est pourquoi, améliorer sa capacité à faire venir à soi les ressources sera plus efficace que demander de l’autorité pour les garder », estime le rapport.
Face à cette horizontalisation de la société, la hiérarchie est bousculée. L’ingénieur de demain devra s’entourer d’un important réseau de professionnels. « Chez Google, on ne construit pas son réseau avec les collègues de son département, mais avec ceux avec qui on a échangé pour résoudre son problème, et qui peuvent se trouver n’iimporte où, et à n’importe quel niveau hiérarchique », confie Léo Sei, ingénieur Solutions Client chez Google.
L’influence et l’horizontalisation, c’est aussi savoir redistribuer son pouvoir à son réseau relationnel. « C’est savoir utiliser les talents des autres, en dépit des différences de culture, de discipline, de niveau de compétence », précise le rapport.
L’évolution du secteur du design en pionnier
S’il est un secteur qui a su se réinventer ces dernières années, c’est bien celui du design. Ayant déjà pris le virage du numérique, le métier d’ingénieur designer a considérablement évolué. « L’immersion préalable dans les usages fait partie de l’hygiène mentale de l’ingénieur designer », reporte l’étude. Demain, tout ingénieur de recherche devra savoir se mettre à la place de l’usager final pour développer des produits innovants qui se vendent.
L’ingénieur de 2030 sera donc un expert de très haut niveau. La réalité augmentée pourrait l’aider dans sa tâche. « L’ingénieur « augmenté » est à inventer », estiment les experts.
- En 2030 : cinq domaines de compétences seront incontournables à tout ingénieur, figure tirée du rapport « Portrait de l’ingénieur 2030 »
- Présentation des compétences de l’ingénieur de demain en vidéo
- Aller plus loin
Télécharger le document « Portrait de l’ingénieur 2030 », réalisé par le cabinet Sociovision pour l’Observatoire des métiers de l’Institut Mines-Télécom. Il s’appuie sur l’Observatoire historique de Sociovision, une analyse documentaire internationale et des interview d’experts du secteur.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Et aussi…
Cet article se trouve dans le dossier :
Emploi : les ingénieurs ont le vent en poupe
- Les ingénieurs restent épargnés par la crise, mais jusqu’à quand ?
- Les grands groupes toujours aussi séduits par les ingénieurs
- Energie et big-data, une double-compétence recherchée
- La France aime-t-elle encore les ingénieurs ?
- Dans quels pays peut-il être intéressant de s'expatrier ?
- Portrait-robot de l'ingénieur en 2030
- Les écoles d’ingénieurs en mutation
Dans l'actualité