Reportage

Poma : des remontées mécaniques à l’éolien

Posté le 11 avril 2016
par Pierre Thouverez
dans Entreprises et marchés

Poma a posé la semaine dernière la première pierre de sa future usine éolienne, en Isère. Il s’agit d’une première pour cette entreprise spécialisée dans le transport par câbles pour remontées mécaniques. Une bonne nouvelle également pour l’industrie française, peu présente sur ce segment de marché.

Si vous avez déjà fait du ski, il est probable que vous ayez utilisé leurs câbles. Poma est une marque reconnue dans le monde des sports de montagne. La compagnie française s’est forgée une solide réputation dans la construction des télécabines qui transportent les skieurs en quête de poudreuse. Aujourd’hui, l’entreprise a pour ambition de devenir un leader français de l’éolien. Un grand écart industriel qui peut sembler surprenant, mais il n’en n’est rien. « Il y a bon nombre de synergies entre l’activité du transport par câbles et l’éolien, notamment concernant la motorisation, les aimants permanents et l’entraînement direct », explique David Saint-André, responsable Industrie éolienne de Poma.

Eolien made in France

L’usine de Gilly-sur-Isère a nécessité un investissement de 16 millions d’euros. Opérationnelle au printemps 2017, elle emploiera une centaine de salariés pour une production comprise entre 10 et 20 nacelles par an. Le site a été choisi pour sa proximité géographique avec le reste des activités de Poma, mais aussi sa capacité d’extension qui permettra de suivre une potentielle hausse de l’activité. La technologie développée dans cette usine sera celle de Leitwind, la société sœur qui a déjà installé pas moins de 300 éoliennes (400 MW) dans le monde. A l’instar du parc éolien de Pellafol (Isère), racheté en 2015 par Poma, afin d’y réaliser des campagnes de formations de techniciens. Les synergies entre les deux activités de Poma sont suffisamment grandes pour que le site ne soit pas entièrement dédié à la production de nacelles et à l’assemblage des éoliennes. Les activités historiques du groupe y seront également menées.

Vers une chaîne de valeur française ?

Parmi le panel des énergies renouvelables, l’éolien ne fait pas l’unanimité. Ses détracteurs lui reprochent, entre autres, son impact visuel, la gêne qu’il induit pour les radars civils/ou militaires, et le peu de contenu local. Ce dernier argument agace au plus haut point les représentants de la filière. Certes, les grands constructeurs ne sont pas français : Vestas, GE, Nordex, Enercon, Gamesa sont toutes des compagnies étrangères qui voient d’ailleurs leur leadership être sérieusement menacé par la montée en puissance des acteurs chinois (Golwind est devenu en 2015 le 1er fabricant mondial). Par ailleurs, la France a perdu, avec le rachat d’Alstom par General Electric bouclé en 2015, un de ses fleurons industriels.

Mais le tissu industriel français n’est pas totalement absent du secteur et est constitué de PME sous-traitantes spécialisées, issues d’univers très divers. Poma souhaite agréger autour de lui, à travers des partenariats, différents acteurs français comme FrancEole pour les mâts ou Ferry-Capitain pour les pièces de fonderie. « Nous souhaitons devenir le fabricant français multi-Mégawatts de référence, et engager un effet d’entraînement sur toute la filière », assure David Saint-André. Les premières livraisons d’éoliennes sont attendues dès l’année prochaine.

Romain Chicheportiche


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