La Pologne occupe l’avant-dernière place (derrière l’Estonie) en Europe des pays émetteurs de CO2 en lien avec la production d’électricité en 2022, selon un rapport du think tank énergétique polonais Forum Energii. À l’échelle mondiale, il se situe à la septième place, en partant de la fin, des pays émetteurs de gaz à effet de serre provenant de la consommation primaire d’énergie. Ces mauvais chiffres s’expliquent par la prépondérance du charbon dans le mix énergétique, puisqu’il représente près des trois-quarts (70,7 %) de la production d’électricité en 2022. Et 85 % de la consommation intérieure du pays a une origine fossile, dont près de la moitié (45 %) vient du charbon, 23 % du pétrole et 17 % du gaz fossile.
De 2005 à 2021, la trajectoire de réduction des gaz à effet de serre de la Pologne est nettement moins bonne que celle de ses voisins européens. Elle est en effet inférieure à 1 %, alors que la moyenne européenne atteint presque 24 % sur la même période. Malgré tout, dans un rapport publié en 2022, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) indique que l’un des aspects centraux de la politique énergétique de la Pologne consiste à réduire sa dépendance au charbon, en particulier pour la production d’électricité et le chauffage des bâtiments. Pour cela, trois voies sont principalement explorées.
Tout d’abord, l’accent est mis sur les énergies renouvelables, qui sont encouragées à travers de nombreux programmes. Le soutien du gouvernement a d’ailleurs fait de la Pologne l’un des marchés photovoltaïques à la croissance la plus rapide de l’Union européenne. « De 2016 à 2021, la capacité photovoltaïque de la Pologne est passée de seulement 0,2 GW (gigawatt) à 7,7 GW, principalement grâce au déploiement résidentiel de systèmes photovoltaïques distribués à petite échelle (5,9 GW), notent les auteurs du rapport de l’AIE. La Pologne dispose également d’une stratégie éolienne offshore complète et bien conçue qui a abouti à des accords pour une capacité de 5,9 GW à mettre en service d’ici à 2027 et à des plans pour au moins 11 GW d’ici à 2040. »
Du gaz fossile pour assurer en partie la transition vers le nucléaire
Le gaz joue également un rôle majeur dans le soutien vers une transition permettant l’abandon du charbon, même si son rôle dans la réduction des émissions de CO2 à long terme n’est pas clair. Certes, il existe certains objectifs pour décarboner l’approvisionnement en gaz grâce au biométhane et à l’hydrogène, mais ces projets sont trop modestes pour compenser une forte croissance de la demande en gaz. Pour ne plus dépendre des livraisons de la Russie, la Pologne a récemment investi dans le pipe-line « Baltic Pipe » de gaz provenant de la Norvège ainsi que dans des terminaux méthaniers pour en importer des États-Unis.
Ce gaz se révèle être l’un des moyens utilisés pour en partie assurer la transition avec le nucléaire, qui représente la troisième voie de la Pologne pour décarboner sa consommation d’énergie. Après l’accident de Tchernobyl, le pays avait renoncé à terminer la construction d’une première centrale nucléaire en 1990 sur les rives de la mer baltique. Mais depuis la guerre en Ukraine et les bouleversements du marché de l’énergie, il est déterminé à prendre la voie de l’énergie nucléaire. Selon le rapport de l’AEI : « la Pologne vise à ce que le premier réacteur d’une capacité de 1 à 1,6 GW soit opérationnel d’ici à 2033 et que six réacteurs d’une capacité totale de 6 à 9 GW soient opérationnels d’ici à 2043. Le gouvernement estime que d’ici à 2040, l’énergie nucléaire pourrait représenter jusqu’à 16 % de la production. »
Le gouvernement polonais estime que la modernisation du secteur énergétique et la réalisation des objectifs du PNEC (Plan national énergie – climat) à l’horizon 2030 coûteront 195 milliards d’euros de 2021 à 2030, soit environ 3,5 % du PIB annuel. Le coût de la transition énergétique de 2021 à 2040 pourrait atteindre 350 milliards d’euros.
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