L’AFSSET publie cette semaine un rapport sur la pollution de l’air par les particules fine et son impact sur la santé. Les résultats sont surprenants, notamment en ce qui concerne les impacts réels des pics de pollution.
Commandée en 2007 par les ministères chargés de l’Ecologie et de la Santé, l’expertise menée par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Environnement et du Travail (AFSSET) s’appuie sur une nouvelle forme de mesure des particules de l’air. Celle-ci prend en compte la fraction volatile des particules, ce qui conduit à des résultats différents, et globalement à une augmentation des concentrations mesurées. Depuis le 12 octobre 2007, une circulaire ministérielle fixe les seuils d’information et d’alerte, respectivement à 80 µg/m3 et 125 µg/m3 en moyenne sur 24 heures. Au niveau des objectifs, le Grenelle avait conclu à la nécessité de mettre en place un « plan particules », avec un objectif de 15 µg/m3 (valeur cible en 2010, qui deviendra obligatoire en 2015). Ceci équivaut à une réduction de 30% de la pollution. A terme, l’objectif est d’atteindre la valeur guide de l’OMS, soit 10 µg/m3.
Aucun seuil en dessous duquel l’impact pour la santé est nul
Les résultats du travail réalisé par l’AFSSET confirment les connaissances actuelles, mais ils ont le mérite d’apporter des éléments nouveaux, qui doivent prendre toute leur place dans la réflexion engagée pour lutter contre la pollution par les particules. A ce jour, les connaissances scientifiques mettent en évidence des effets indésirables des particules dans l’air ambiant sur la santé de l’homme. Ceci est valable qu’il s’agisse d’une exposition de court terme ou d’une exposition chronique. Il n’est cependant pas possible d’observer un seuil de concentration en particules en deçà duquel aucun effet sanitaire ne serait constaté. Deuxième conclusion de l’enquête, plus étonnante : ce sont les expositions fréquentes, à des niveaux modérés de pollution, qui sont responsables de l’essentiel de l’impact sanitaire, et non les pics de pollution. Les chiffres sont édifiants : 97% de l’impact sanitaire est attribuable à des niveaux modérés mais fréquents, et seulement 3% aux pics.Enfin, le troisième point concerne les seuils d’alerte. Car même si les principaux pics ne sont pas responsables de l’impact sanitaire, la mise en place de seuils d’alerte reste intéressante. Notamment pour les personnes sensibles, mais aussi en termes de communication vis-à-vis du grand public.
La nécessité de réduire les émissions à la source
A partir des ces conclusions, le rapport de l’AFSSET propose trois principales recommandations, avec en point d’orgue la nécessité absolue de réduire à la source les émissions de particules, pour diminuer l’exposition des personnes. Ainsi, les sources d’émission primaire de particules devront être ciblées. Selon le Centre Interprofessionnel Technique d’Etude de la Pollution Atmosphérique (CITEPA), il s’agit en premier lieu de la combustion du bois, du charbon et du fioul dans le résidentiel tertiaire (27% des émissions), de l’industrie manufacturière (28%) et de l’agriculture/sylviculture. A noter que dans les zones urbaines, les transports contribuent également de manière importante aux émissions, trois fois plus que dans les zones rurales. L’autre recommandation de l’AFSSET cible la communication vers les publics les plus sensibles. Ainsi, femmes enceintes, nouveau-nés, personnes âgées, et plus particulièrement les personnes atteintes de pathologies cardio-vasculaire ou respiratoire sont particulièrement visés. Le diabète et l’obésité sont aussi les critères d’une sensibilité particulière.Enfin, l’AFSSET recommande de considérer conjointement, pour une fixation de seuils d’information et d’alerte pertinents dans la réglementation, deux éléments primordiaux. D’abord, les données épidémiologiques du programme de surveillance air et santé de l’institut de veille sanitaire qui pour différents niveaux de pollution aux particules évaluent les risques pour la santé. Ensuite, la distribution statistique des niveaux journaliers de particules à l’échelle nationale car celle-ci donne également des informations pertinentes quant à la pollution réelle par particules.Au final, le rapport de l’AFSSET apporte des éléments nouveaux dans la réflexion sur les dangers liés aux émissions de particules, mais souligne en premier lieu un point déjà connu de tous : seule une diminution à la source des émissions de particules réduit efficacement l’exposition des personnes.
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