L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la pollution de l’air extérieur entraîne sept millions de décès prématurés et la perte de millions d’années de vie en bonne santé chaque année. « Bien que la qualité de l’air se soit quelque peu améliorée au cours des trois dernières décennies, des millions de personnes continuent de mourir prématurément, souvent dans les populations les plus vulnérables et marginalisées », rappelle Hans Kluge, directeur de l’OMS en l’Europe. Par exemple, en 2019, plus de 90 % de la population mondiale vivait dans des zones dépassant les seuils de référence fixés par l’OMS concernant l’exposition prolongée aux PM2.5.
De nouveaux seuils pour mieux protéger
« Nous connaissons l’ampleur du problème et nous savons comment le résoudre », précise Hans Kluge. Afin de lutter encore davantage contre la pollution atmosphérique, l’OMS définit ainsi de nouvelles lignes directrices mondiales sur la qualité de l’air. Elles visent à prendre en considération les nouvelles études scientifiques sur le sujet qui montrent des effets « à des concentrations encore plus faibles qu’on ne le croyait auparavant », précise l’OMS.
L’organisation a abaissé la quasi-totalité de ses seuils qui portent sur six polluants, dont certains contribuent également aux changements climatiques : les particules fines PM2,5 et PM10, l’ozone, le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre et le monoxyde de carbone. Ainsi, l’OMS divise par deux le seuil annuel recommandé pour les PM2,5, qui passe de 10 à 5 µg/m³. En parallèle, elle divise par quatre le seuil annuel pour le dioxyde d’azote qui passe de 40 à 10 µg/m³.
Les nouvelles données poussent à l’action
Pour définir ces nouveaux seuils, l’OMS s’est fondée sur les données factuelles tirées de six revues systématiques de plus de 500 articles. Chez les enfants, les experts estiment que « la pollution atmosphérique pourrait entraver le développement des poumons, limiter la fonction pulmonaire, provoquer des infections respiratoires et aggraver l’asthme ». Chez l’adulte, la pollution atmosphérique entraîne des maladies coronariennes et des accidents vasculaires, mais elle pourrait aussi jouer un rôle dans le diabète et les maladies neurodégénératives. L’OMS estime donc que la pollution atmosphérique est comparable au tabagisme et à une mauvaise alimentation en termes de charge de morbidité.
Si ces lignes directrices ne sont pas juridiquement contraignantes, elles fournissent un cadre factuel aux décideurs pour mieux protéger leurs populations. « Ces lignes directrices actualisées fournissent aux décideurs des données solides et un outil nécessaire pour s’attaquer à cette charge persistante pour la santé », assure Hans Kluge.
Pour le Réseau Environnement Santé (RES), « le respect des nouvelles normes de l’OMS sur la qualité de l’air passera par un big bang des institutions sanitaires ». L’association profite de la parution de ces nouvelles lignes directrices pour souligner l’urgence d’une réforme globale du système de santé pour actualiser régulièrement les connaissances scientifiques. « Il n’est plus acceptable d’attendre 15 ans pour la mise à jour d’une norme sanitaire ou environnementale et 15 ans supplémentaires pour sa mise en œuvre, souvent partielle », dénonce l’association dans un communiqué. Dans le cadre de la campagne présidentielle, le RES appelle à « faire de la santé environnementale un pilier du système de santé ». Elle appelle de ses vœux « l’organisation, dans les 100 premiers jours de mandat, d’une Conférence Nationale de Santé Environnementale débouchant sur une loi-cadre pour une réforme majeure du système de santé ».
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