Jusqu’à quel point Notre-Dame de Paris, son parvis et ses alentours sont-ils contaminés par le plomb ? Travailleurs et habitants des quatrième, cinquième et sixième arrondissements de la capitale sont-ils en danger ? Autant de questions auxquelles les autorités ont bien du mal à répondre. Comme l’indique Le Monde, l’association de protection de l’Homme et de l’environnement Robin des Bois a déposé, le 26 juillet dernier, une plainte contre X pour « carences fautives ayant pour conséquences la mise en danger délibérée de la personne d’autrui et la non-assistance à personne en danger ». Cette action vise particulièrement les mairies de Paris et des arrondissements précédemment cités, ainsi que l’Agence régionale de santé (ARS).
Le président de l’association Jacky Bonnemains déplore que la communication autour des risques liés à la contamination au plomb n’ait pas été plus rapide. Lors de l’incendie qui a ravagé la cathédrale le 15 avril 2019, plus de 400 tonnes de plomb avaient pris feu au niveau de la toiture et de la flèche de l’édifice. Cet embrasement a engendré des retombées de poussière de plomb aux alentours de la cathédrale, sans qu’il n’ait été défini de périmètre précis. Cependant, selon des informations révélées par Mediapart, la présence de plomb à l’intérieur et autour de la cathédrale atteignent entre 400 et 700 fois le seuil autorisé.
Plomb dans les écoles, risque de saturnisme
Malgré la volonté de rassurer les Parisiens, la mairie de Paris et l’ARS peinent à convaincre. Aurélien Rousseau, directeur de l’Agence régionale de santé, considérait en juillet que selon les données collectées, aucun individu ne devrait craindre pour sa santé. Peu de temps après, deux écoles situées rue Saint-Benoît dans le sixième arrondissement ont été fermées. Dans la cour d’au moins l’un de ces deux établissements, des concentrations en plomb supérieures à 5 mg/m2 ont été relevées. L’ARS recommande des taux de 1 mg/m2 maximum. Sur le parvis de la cathédrale, la pollution est bien plus élevée. Des précédents prélèvements ont mesuré des concentrations en plomb de 500 mg/m2 sur le parvis de la cathédrale, et de 200 mg/m² aux abords de la place Saint-Michel.
Ces chiffres inquiètent travailleurs et riverains pour des raisons sanitaires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que le plomb est un « métal toxique », qui peut se diffuser dans l’organisme pour aller atteindre le cerveau, le foie, les reins, les os, et notamment les dents. Chez les hommes, le plomb peut sensiblement altérer la qualité du sperme. Les femmes enceintes qui inhaleraient ce métal risquent de voir la croissance de leur bébé fortement perturbée. De manière générale, l’exposition au plomb favorise le saturnisme, l’hypertension artérielle et la maladie des reins, notamment le cancer. À l’heure actuelle, il n’existe pas de seuil en dessous duquel il est considéré que le plomb ne représente aucun risque pour la santé.
La dépollution de Notre-Dame traîne
Face à ces risques d’envergure pour la santé, plusieurs acteurs ont demandé des mesures fortes. Début août, la CGT ainsi que plusieurs associations ont demandé le confinement de Notre-Dame de Paris. Un souhait faisant écho à Robin des Bois qui qualifiait la cathédrale de « déchet toxique » deux semaines après l’incendie. Fervent défenseur de la cathédrale, Monseigneur Chauvet refuse catégoriquement que Notre-Dame soit confinée. « Tout le monde a fait une plombémie, et je peux vous dire : on n’est pas plombés » a déclaré l’homme sur Europe 1 le 6 août dernier. Des propos temporisés par Graziella Raso, membre du comité CGT de l’Hôtel-Dieu qui indique que les agents de l’hôpital qui ont effectué cet examen attendent toujours leurs résultats.
Alors que de nouvelles mesures étaient attendues le 6 août dernier, aucune nouvelle donnée n’a finalement été dévoilée. Contrairement à ce qu’avait annoncé l’adjointe à la santé à la mairie de Paris Anne Souyris (EELV), les nouvelles données n’ont pas été immédiatement rendues publiques. Le service de communication de la mairie met en avant un « quiproquo », et explique que les données seront divulguées « dans les jours et les semaines qui suivent ». Et d’autres imprécisions subsistent. Anne Souyris souhaitait que la « dépollution » des sites soit ordonnée le plus rapidement possible, à l’aide d’un gel qui devrait rester plusieurs jours au sol. Or, le Ministère de la Culture n’a pas encore donné de date précise pour le début de la phase de nettoyage.
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