Plaxtil, une start-up basée à Châtellerault dans la Vienne, s'est spécialisée dans le recyclage des masques chirurgicaux jetables. Le procédé qu'elle a mis au point permet de créer un nouveau matériau destiné à fabriquer des objets en plastique recyclable.
Accessoires essentiels pour se protéger contre le coronavirus, les masques sont devenus une nouvelle source majeure de déchets plastiques non recyclés en 2020. Selon la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement (Frade), l’incinération des déchets infectieux a bondi de 40 à 50 % durant la première phase de confinement, entre le 17 mars et le 10 mai 2020. Et depuis le printemps dernier, le jet de masques sur la chaussée ou en pleine nature a explosé.
C’est dans ce contexte que Plaxtil s’est donné comme objectif de recycler ces masques jetables. Olivier Civil, codirecteur de cette société spécialisée dans le recyclage de déchets textiles et basée à Châtellerault dans la Vienne, explique que lui et son associé Jean-Marc Neveu ont voulu répondre à une nouvelle problématique sanitaire. « On a vu arriver les masques et surtout la pollution liée à ces masques, il y en avait partout, dans les rues, dans la nature » a affirmé Olivier Civil à l’AFP. Depuis le lancement de cette activité en juin 2020, la start-up aurait recyclé environ 200 000 masques jetables.
Objectifs d’économie circulaire
La start-up collabore avec Audacie, une structure d’insertion par l’activité économique qui collecte localement les masques usagés. Une fois récupérés, ces masques sont mis en quarantaine durant quatre jours. Ensuite, la barrette métallique située au niveau du nez, non recyclable, est retirée. Après cette étape, les masques sont broyés. Puis la matière obtenue est passée trente secondes dans un tunnel d’ultraviolets – mis au point par la start-up UVMOBI – pour les décontaminer complètement. Enfin, la matière est mixée avec une résine qui la transforme en une matière dure, également appelée Plaxtil.
Ainsi, Olivier Civil affirme que plusieurs objets tels que des visières de protection ou des ouvre-portes peuvent être confectionnés par moulage. Cette solution qui permet le recyclage des masques jetables a séduit l’agglomération du Grand-Châtellerault. Cette dernière a financé les débuts de l’activité de la start-up. Évelyne Azihari, en charge de la politique énergie du Grand-Châtellerault, a indiqué à l’AFP que la solution de Plaxtil « rentre depuis le début dans [les] objectifs d’économie circulaire » du territoire.
Sollicité par le ministère de l’Économie
Aujourd’hui, l’avenir de Plaxtil semble être de bon augure. « Nous avons des demandes de la France entière. Le ministère de l’Économie et des Finances nous a contactés pour voir si nous étions prêts à nous associer pour faire une filière de recyclage de masque » affirme Olivier Civil. Cela pourrait être d’autant plus nécessaire que la production de masque croît. « En décembre, nous aurons multiplié par 30 la production française de masques sanitaires par rapport à janvier avec une production hebdomadaire de 100 millions de masques » a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’industrie, sur son compte Twitter.
Or, selon l’association Zero Waste, chaque Français utilise en moyenne deux masques jetables par jour. Ainsi, 400 tonnes de déchets sont générées quotidiennement. De plus, une enquête de la Fondation Vinci Autoroutes indique que 5 % des Français admettent avoir déjà « perdu ou jeté » un masque sur la voie publique. Ce phénomène inquiète les défenseurs engagés pour la préservation de l’environnement. « Ces masques-là sont en polypropylène. Et le polypropylène, c’est tout sauf biodégradable » a expliqué Jean-François Gérard, Professeur du Département Science & Génie des Matériaux de l’INSA Lyon, à 20 Minutes. Selon lui, la probabilité que ces masques mettent environ 450 ans à se dégrader est envisageable.
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