Le bisphénol A, une substance utilisée depuis 50 ans comme ingrédient des polycarbonates et des résines époxy, et notamment contenu dans le plastique dont on fait les biberons, contaminerait le lait des bébés. L'affaire est prise très au sérieux depuis l'annonce faite par le gouvernement canadien à la mi-avril d’interdire la commercialisation des dits biberons.
Le biberon en verre va-t-il faire un retour en force dans les foyers ? C’est la question que l’on peut se poser suite à la remise en cause de l’utilisation du bisphénol A (BPA) dans les matières plastiques type polycarbonate, et que l’on retrouve dans de nombreux récipients alimentaires comme les bouteilles d’eau ou encore les biberons. A l’origine de cette affaire, l’annonce du gouvernement canadien, à la mi-avril, » d’interdire la commercialisation de biberons constitués de plastique contenant du bisphénol A, substance désormais considérée comme toxique dans ce pays « comme le rapporte Jean-Yves Nau pour le quotidien Le Monde. En effet, depuis les années 1930, on suspecte le BPA d’être un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire un composé susceptible de déranger les régulations hormonales normales chez l’homme. La Dépêche du Midi rappelle ainsi que ce dernier serait » à l’origine de perturbations endocriniennes dans le développement des enfants. A la clef, des troubles hormonaux à l’origine des cas de pubertés précoces chez les filles, une baisse de la fertilité des garçons et des troubles du comportement. « Jusqu’alors, on considérait qu’il ne présentait pas de réel danger pour l’homme lorsqu’il était assimilé par voie alimentaire. L’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) avait ainsi défini une première norme européenne en 2002, fixant la dose journalière acceptable à 0.01 milligrammes de BPA par kilogramme de poids corporel et par jour (mg/kg/j). En 2006, sur la base de nouvelles études, celle-ci avait été réévaluée et fixée à un seuil supérieur – 0.05 mg/kg.j, » les animaux de laboratoire (des souris) étant a priori beaucoup plus sensibles que les humains aux effets hormonaux du BPA « . Les experts avaient alors porté une attention toute particulière à l’exposition des nourrissons et des enfants. » Un bébé de trois mois nourri au biberon et pesant environ 6kg devrait boire plus de 4 fois le nombre de biberons habituels à cet âge pour atteindre cette dose « , précise le quotidien Le Monde.Mais voilà, une récente étude vient faire planer un nouveau doute (Dépêche du Midi du 20 mai). Elle » fait état d’une migration du BPA vers les aliments lorsque le récipient est exposé à une température élevée. » Au-delà du composé lui-même, cette étude pointe surtout l’importance des modes de vie et des pratiques dans l’évaluation d’un risque. Le passage du BPA serait, par exemple, facilité par une cuisson ou un réchauffage au micro-onde dont de nombreux foyers sont aujourd’hui équipés. On comprend mieux pourquoi, diverses études canadiennes, rapportées par le Vif.fr, recommandent, pour limiter le passage de ce composé, » d’éviter de passer les biberons au lave-vaisselle et au micro-onde « .Au niveau international, l’annonce du gouvernement canadien a eu des répercutions immédiates. Aux Etats-Unis tout d’abord, » plusieurs démocrates viennent de demander à ce que la Food and Drug Administration, réévalue les niveaux d’exposition pouvant être considérés comme acceptables d’un point de vue sanitaire « . L’EFSA a déclaré qu’elle allait faire de même.Toute cette histoire fait écho aux propos de Daniel Zalko, biologiste au département Alimentation Humaine de l’INRA, qui travaille depuis plusieurs années sur les perturbateurs endocriniens. Invité il y a plus d’un an, en mars 2007, à intervenir sur ce thème dans le cadre de l’émission « Ça ne mange pas de pain » (1), il nous livrait cette réflexion : » Je fais attention à ne pas utiliser trop de contenants plastiques lors du réchauffage au micro-onde, parce qu’un certain nombre de composés peuvent passer dans l’aliment « . Une remarque qui prend tout son sens aujourd’hui.(1) anciennement le Plateau du J’Go
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