Une nouvelle étude parue dans Science propose de replanter massivement la Terre pour lutter contre le réchauffement climatique. Une solution simple, mais controversée.
Selon les prévisions du GIEC, la hausse des températures mondiales pourrait atteindre +1,5°C, dès 2030. Il y a donc urgence à diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Mais alors que les émissions continuent à augmenter, Jean-François Bastin et Thomas Crowther, chercheurs à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (Suisse) proposent, dans une étude parue dans Science, de séquestrer le carbone déjà présent dans l’atmosphère.
Replanter des arbres massivement
Leur idée idée est simple. Pour limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d’ici 2050, il suffirait d’ajouter 900 millions d’hectares de forêts aux 2,8 milliards d’hectares actuels. Ils seraient plantés sur des terrains abandonnés, sans toucher aux terres urbaines ou agricoles existantes. Cela reviendrait à recouvrir d’arbres une surface équivalente à celle des États-Unis. Les 1200 milliards de nouveaux arbres stockeraient 205 gigatonnes de carbone, sur les 300 émises par les humains dans l’atmosphère depuis le 19e siècle. Soit environ cinq fois la quantité mondiale émise en 2018. Les forêts actuelles en stockent déjà 400 gigatonnes. Thomas Crowther estime le coût d’un tel projet à 300 milliards de dollars.
« Sans les humains, il y aurait 5800 milliards d’arbres sur Terre. On a réduit ce nombre de moitié, donc il n’y a que 3000 milliards d’arbres environ aujourd’hui », explique Thomas Crowther à franceinfo. Il en manque donc 2800 milliards. Impossible de tous les replanter : il n’y a plus assez d’espace, « parce qu’il y a des terres occupées par l’agriculture ou par des zones urbaines ».
Où planter tous ces arbres? Pour répondre à cette question, les chercheurs ont analysé la couverture forestière actuelle grâce à près de 80 000 photographies satellites. Ils ont ensuite étudié la planète en fonction de dix caractéristiques du sol et du climat. Ceci a permis d’identifier des zones plus ou moins adaptées à différents types de forêts. Résultat : la moitié des zones reboisables sont concentrées dans six pays : la Russie, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Brésil et la Chine.
Une partie de la solution
Pour limiter le réchauffement climatique, la meilleure solution reste évidemment de laisser les hydrocarbures fossiles dans le sol. L’Inra rappelle en plus à Usbek & Rica que toutes les forêts ne sont pas des puits de carbone et que les incendies relâchent sous forme de CO2 dans l’atmosphère les stocks de carbone qui ont été accumulés pendant des décennies.
« Ce n’est pas comme ça que fonctionne le cycle global du carbone. La seule façon de stabiliser le climat est de faire baisser à zéro les émissions de gaz à effet de serre », explique Simon Lewis, chercheur à l’University College London dans un tweet. Reste que le GIEC recommande de planter un milliard d’hectares de forêt. Si ce n’est peut-être qu’une partie de la solution, cela ne ferait certainement aucun mal à la planète !
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