Le nouveau Plan Biodiversité comprend 90 actions réparties en 24 objectifs et six axes stratégiques. Disons-le d’emblée, France Nature Environnement voit dans ce nouveau plan «1/3 de concret, 1/3 de recyclé, 1/3 de peu engageant». Avec une enveloppe annoncée de 150 millions d’euros par an, la fédération d’associations environnementales et le WWF demandent des moyens supplémentaires dès le Projet de Loi de finances 2019.
Parmi les mesures phares, du concret et du recyclé
Parmi les mesures phares en agriculture, citons l’interdiction de tous les pesticides neuro-toxiques et l’objectif de 22 % de surfaces bio d’ici 2022. Une enveloppe de 150 millions d’euros sur 4 ans sera dédiée à la replantation des haies, à la préservation des prairies et des zones humides ou à toute autre action de protection de la biodiversité. À l’instar d’Europe Ecologie–Les Verts, nous pourrons regretter l’absence de mesures sur la biodiversité cultivée. «Depuis 60 ans, 80 % des variétés végétales comestibles ont disparu», rappelle le parti politique.
Le Gouvernement annonce la création ou l’extension de 20 réserves naturelles nationales et la création en 2019 d’un onzième parc national. Il fait appel aux collectivités et souhaite créer 1000 Territoires engagés pour la nature d’ici 2022. Afin de lutter contre l’étalement urbain, il lance un objectif «zéro artificialisation nette», l’horizon temporel restant à préciser. En particulier, tout nouveau parking sera perméable pour favoriser l’infiltration des eaux. Dès septembre, un Agenda de l’action pour la biodiversité incitera l’ensemble de la société à prendre des engagements «ambitieux et concrets».
Plusieurs actions sont dédiées aux océans, notamment l’objectif de protéger 100 % des récifs coralliens d’ici 2025. Mentionnons également l’objectif de «zéro plastique rejeté en mer d’ici 2025», conformément à l’objectif de recycler 100 % des plastiques de la Feuille de route pour l’économie circulaire. La France soutiendra ainsi au niveau européen l’interdiction de mise sur le marché des 12 produits en plastique à usage unique le plus souvent retrouvés sur les plages et en mer. Enfin, la France portera au niveau européen un plaidoyer pour interdire la pêche électrique et protéger les tortues marines.
Les entreprises et la pollution lumineuse
Dès cette année, l’objectif sera de définir un indicateur d’impact sur la biodiversité, similaire à la tonne de CO2 pour l’impact climatique. La France portera alors au niveau européen la publication obligatoire de cet indicateur dans les rapports RSE des entreprises. D’ici 2022, 4 filières seront invitées en priorité à réduire cet impact : l’énergie, la chimie, l’agro-alimentaire, ainsi que le secteur des bâtiments et de la construction.
La pollution lumineuse continue de faire parler d’elle. Le nouveau Plan veut définir un nouvel indicateur et une nouvelle réglementation pour mieux l’appréhender. L’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANCPEN) regrette néanmoins l’absence d’objectif chiffré. Grâce au nouvel indicateur, elle demande dès cet année de «ne plus augmenter la quantité de lumière émise chaque nuit», et des «objectifs de diminution avec des échéances claires».
Dans le prolongement de la COP21 et de l’Accord de Paris, le gouvernement affiche l’ambition de prendre le leadership de la protection de la biodiversité. Il hissera la biodiversité au rang des priorités de l’agenda international d’ici la conférence de la Convention sur la Diversité Biologique qui aura lieu en Chine en 2020. Pour être cohérent avec cette ambition, les associations demandent toujours l’arrêt des grands projets qu’elles considèrent comme «inutiles» et néfastes pour la biodiversité : Europacity, la Montagne d’Or, le canal Seine-Nord, etc.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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