L’innovation a de quoi surprendre par son aspect extraordinaire et avouons le aussi, un peu saugrenu.
Pourtant, envoyer et recevoir des odeurs grâce à son téléphone n’a jamais été aussi prêt de se réaliser qu’aujourd’hui.
Cela grâce au travail de ses créateurs : David Edwards, professeur de génie biomédical à l’Université d’Harvard et fondateur du Laboratoire à Paris et l’une de ses élèves. Ensemble, ils ont mis au point ce dispositif particulier qui se présente comme un petit boîtier tubulaire blanc posé sur un socle et qui expulse de brefs jets de vapeurs odorantes en fonction de la demande.
Le mode d’emploi
Pour envoyer et recevoir des odeurs, procédez comme suit. Vous disposez d’un iPhone et avez téléchargé l’application gratuite oSnap. Vous pointez l’objectif de votre appareil photo sur l’objet de votre choix (un arbre, une plage, un café…) puis vous composez la senteur que vous souhaitez associer à la photo. Vous avez la possibilité de combiner jusqu’à 8 arômes sur un panel de 32 disponibles pour le moment. Ce qui permettrait apparemment de créer 300 000 odeurs différentes.
Voilà, vous avez créé une oNote. Ne vous reste plus qu’à envoyer l’odeur à l’une de vos connaissances et que celle-ci connecte son iPhone à l’oPhone. Au préalable, l’utilisateur devra charger des mini-capsules, les oChips, pour sentir quelque chose. Ces capsules contiennent les particules essentielles. À ce jour, David Edwards et sa co-équipière ont ciblé deux domaines : « celui du café, et plus largement celui de l’alimentaire ».
Fantastique sur le papier mais…
Plusieurs tests ont d’ores et déjà été effectués. Ils indiquent que l’usage du dispositif n’est pas aussi simple qu’énoncé. Tout d’abord, l’expérience montre qu’il ne suffit pas de disposer d’un téléphone pour recevoir les odeurs, mais bel et bien d’un ensemble de choses (le terminal mobile, l’application et l’oPphone). Qui plus est, le poids de l’oPhone fait qu’il ne peut être déplacé. Problème qui pourrait se résoudre avec sa miniaturisation future défend David Edwards. Bon, mais même une fois ces conditions réunies, reconstituer une odeur correspondant parfaitement à notre ressenti s’avère ardu. En effet, imaginez-vous reproduire le fumet d’un bon plat, la fragrance délicate d’un parfum… Cela demande du doigté et un nez d’expert comme celui d’un œnologue ou d’un cuisinier.
Et puis il faut se rendre à l’évidence, il y aura clairement des odeurs que l’on ne souhaitera pas recevoir. Jus de chaussettes, linge moisi… je vous laisse libre de dresser un petit tableau de ces odeurs fétides. Pour ce genre de raisons, les septiques ne seront certainement pas rares.
L’oPhone s’adresse-t-il vraiment aux particuliers ?
Ou, est-ce que chaque foyer disposera de son oPhone ? S’il est impossible d’apporter une réponse à cette question, on peut au moins en douter, quand bien même l’idée est « de créer un usage créatif et social ». À priori, le secteur de la vente en ligne semble plus indiqué à son développement.
De nombreuses marques dans le domaine de la cosmétique, de l’alimentaire et du cinéma auraient d’ailleurs montré leur intérêt. La mise en vente de l’oPhone se fera dès 2015 au prix de 199 euros auquel il faudra ajouter 20 dollars pour se prémunir de quatre oChips. Le marché devrait d’ailleurs se tourner principalement autour de la vente des mini-capsules. Nous verrons à ce moment si cela changera notre manière de communiquer comme le certifiait David Edwards à l’AFP !
Par Sébastien Tribot