En attendant la surveillance généralisée des pesticides dans l’air, les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) ouvrent au public leur base de données de mesure des pesticides dans l’air.
Depuis 2002, les AASQA mesurent les pesticides dans l’air au niveau national. Atmo France est leur fédération nationale et elle a décidé de rendre publiques leurs données. Désormais, tout un chacun peut accéder à cette base nommée PhytAtmo qui compile les mesures réalisées entre 2002 et 2017. Sur la période, pas moins de 321 matières actives ont été recherchées, à travers 6 837 prélèvements, effectués sur 176 sites. Et chaque année, entre 150 et 250 substances actives ont été recherchées. «Au final, ce sont entre 40 et 90 substances actives (herbicides, fongicides, insecticides) qui sont quantifiées annuellement à l’échelle nationale», résume Atmo France. Donc entre 40 et 90 pesticides que nous respirons à des concentrations pouvant atteindre quelques dizaines de nanogrammes par mètre cube.
Une carte de France des pesticides dans l’air lacunaire
Force est de constater que la carte est particulièrement hétérogène et montre les lacunes locales. Les données sont quasiment inexistantes en Normandie, Bourgogne Franche-Comté et en Occitanie. Seules les régions Hauts-de-France, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes présentent des mesures relativement réparties sur l’ensemble de leur territoire. Et pour cause, Atmo France explique que les mesures de pesticides dans l’air se font «en fonction des ressources locales et des soutiens financiers mis à leur disposition». La fédération et les associations demandent donc «la mise en œuvre d’un suivi territorial et national pérenne basé sur la mesure et sécurisé dans son financement».
Atmo France montre une forte variabilité spatiale et temporelle des concentrations mesurées. Mais il existe quelques enseignements. Globalement, l’air des villes contient moins de pesticides que les zones rurales situées proches des zones traitées. Par ailleurs, l’air contient plus de pesticides dans les zones viticoles à la fin du printemps et dans les zones de grandes cultures en été. En plus, «la concentration très variable de pesticides dépend des conditions météorologiques locales, de la nature des sols, des caractéristiques physiques et chimiques de la substance active, des équipements utilisés lors du traitement», complète Atmo France.
Entre 2015 et 2017, une pollution récurrente a été observée au niveau national. Elle concerne 5 herbicides, 3 fongicides et 2 insecticides. Parmi eux, citons le lindane, interdit en agriculture en France depuis 1998 et comme anti-poux depuis 2006… Il est classé cancérogène pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Pour expliquer la présence d’un tel produit dans l’atmosphère, plusieurs raisons sont avancées : transport via les vents à partir d’autres pays qui autorisent le produit, pratiques agricoles illégales, et longue persistance de ce produit dans l’environnement.
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