Beaucoup d’efforts seront encore nécessaires avant que l’énergie photovoltaïque ne se hisse au niveau des autres énergies sur les marchés mondiaux. Les entreprises qui se lancent sur le marché du photovoltaïque doivent se garantir d’une ossature stable pour s’implanter.
On pourrait croire que l’optimisation constante de l’efficacité et la production croissante d’énergie solaire qui en découle sont devenus naturels. Pourtant, beaucoup d’efforts seront encore nécessaires avant que l’énergie photovoltaïque se hisse au niveau des autres énergies sur les marchés mondiaux et assoie ainsi durablement son succès. Les entreprises qui se lancent sur le marché du photovoltaïque doivent se garantir d’une ossature stable pour s’implanter.
Les prévisions pour 2011 ne sont pas très encourageantes sur la plupart des marchés de l’énergie solaire en Europe. La France risque même de reculer dans ce domaine puisqu’elle a annoncé des diminutions drastiques des prix de rachat : le Ministère Français de l’environnement a réduit ses subventions pour l’installation à grande échelle de panneaux solaires.
Les prévisions sont meilleures pour le marché allemand. Le cabinet d’études de marché américain iSuppli prévoit de nouvelles installations à hauteur de plus de 9,4 Gigawatt. Bien qu’elle comporte certaines incertitudes, la législation allemande semble moins incertaine. Si l’on tient compte de l’amélioration continue de l’efficacité, le calcul actuel laisse penser que la situation financière du secteur dans son ensemble est solide. Toutefois, d’autres changements à court terme, tels que ceux prévus en 2011, pourraient mettre à mal un grand nombre de modèles financiers.
La rentabilité joue un rôle clé
La situation financière des sociétés promotrices d’un projet est essentielle. Elle s’apparente aux « véhicules de titrisation ». « Les banques vérifient la rentabilité et les flux de trésorerie pour un ratio de fonds propres donné », indique le Dr. Heiko Ott, Directeur des investissements de BayTech Venture Capital, société spécialisée dans les énergies renouvelables. Les sociétés promotrices d’un projet n’ont généralement aucune garantie autre que celle du dispositif en lui-même, ce qui rend le chiffre d’affaires prévisionnel d’autant plus important. « L’analyse de la rentabilité consiste à analyser à la fois l’ensemble des coûts et le chiffre d’affaires. »
Le résultat de ces vérifications permet d’obtenir un aperçu de la rentabilité, qui détermine l’aptitude à percevoir des financements de la part des banques. La rentabilité permet de décider si une société percevra des financements et selon quels termes. Par conséquent, les produits de certains fabricants de modules solaires sont accrédités par de nombreuses et importantes sociétés bancaires, d’assurance et de réassurance. « De cette manière, nous aidons nos partenaires à percevoir des financements », explique le Dr. Shawn Qu, Directeur Général de Canadian Solar. Toutefois, certaines sociétés ne satisfont pas les critères requis. « Les exigences sont élevées », confirme Carsten Schmitz, Directeur d’une succursale de GLS Bank à Munich. « La certification par une banque n’est pas dénuée de difficultés ».
En outre, les fabricants de modules s’efforcent continuellement d’améliorer leur efficacité, de manière à ce que l’accroissement de la production se traduise par des retombées positives sur leur rentabilité. « Nous investissons continuellement dans la recherche et le développement de nouveaux produits. Les scientifiques spécialisés dans la recherche sur les cellules travaillent en étroite collaboration avec les ingénieurs de production des modules pour proposer sur le marché de nouveaux produits qui augmenteront la production électrique des systèmes photovoltaïques pour un prix très compétitif. Sur le plan technologique, notre objectif est de ramener le coût de l’énergie solaire au même niveau que celui des autres installations en 2012 », indique Shawn Qu. Grâce aux nombreuses améliorations en matière de technologie et d’échelle, le prix par kilowatt d’un système photovoltaïque a considérablement baissé.
Un concept adapté, mais peu exploité
Pourtant, la diminution réussie du coût de revient de base est également à l’origine des réductions successives du tarif de rachat par le gouvernement allemand. Ces réductions n’ont toutefois pas réussi à tirer le marché vers le haut comme la plupart des experts l’avaient prédit. Elles ont par contre créé de nouveaux défis pour les sociétés. « L’incertitude quant aux conditions cadre n’est pas une bonne chose pour les personnes impliquées dans la chaîne de valeur », indique Shawn Qu. « Les effets externes à court terme compliquent la planification ; les goulots d’étranglement des livraisons seront rapidement sanctionnés par une baisse de la demande. Ce n’est pas une bonne chose pour le secteur. »
Comme la plupart des fabricants, Shawn Qu n’est pas contre les réductions en général, mais il critique la manière dont elles ont été mises en œuvre. « Une répartition par trimestre, par exemple, simplifierait réellement les choses pour tous. L’approche n’a pas été adaptée. » Une répartition trimestrielle des réductions des dépenses, telles qu’elle est suggérée par le Directeur de Canadian Solar, égaliserait les répercussions. En profitant de conditions cadre stables, les sociétés seraient à nouveau en mesure de se concentrer sur leur tâche réelle, la fabrication de modules solaires, et contribueraient ainsi à faire évoluer le secteur de l’énergie.
Par Gregory Spanoudakis
Déjà paru :
- Où en est le photovoltaïque à concentration en 2011 ?
- Pourquoi la France ne sera pas l’industrie photovoltaïque de demain
- Photovoltaïque : toujours un problème de délai…
- Le solaire photovoltaïque à concentration mis sous la loupe
- Le solaire : la surenchère de l’innovation
- Les promesses du photovoltaïque à concentration
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