Motorola et 3D Systems travailleraient ensemble au développement d’une ligne de smartphones modulables sous le nom de projet « Ara », après le vif succès rencontré par une vidéo devenue virale, « Phonebloks ».
Motorola, nouveau porte-étendard de la lutte contre l’obsolescence programmée ? Rien n’est moins sûr, mais c’est pourtant un pas dans cette direction qu’effectue le géant américain – partie intégrante de la nébuleuse Google depuis août 2011 – en annonçant un partenariat avec 3D Systems, le spécialiste américain de l’impression 3D. C’est donc main dans la main que les deux groupes vont se lancer dans l’aventure du « Projet Ara », une ligne de smartphones modulables qui laisserait presque toute latitude à son heureux propriétaire afin de personnaliser le hardware de son smartphone, d’en choisir les composants comme d’en changer à l’envi. Une douce utopie ?
Phonebloks, genèse et mise en lumière du projet
Tout a – presque – commencé en septembre dernier lorsque Dave Hakkens, un étudiant hollandais en design, posta une vidéo sur YouTube baptisée « Phonebloks ». Dans cette vidéo devenue virale depuis (comptabilisant tout de même plus de 18 millions de vues fin novembre), Hakkens jette les bases d’un smartphone modulable conçu à la fois pour être au plus près des désirs de chaque utilisateur, ainsi que pour lutter contre l’obsolescence programmée qui gangrène selon lui le secteur des technologies, en permettant de faciliter le remplacement de n’importe quel composant défectueux, pas assez performant ou carrément obsolète. Du speaker à l’appareil photo embarqué, en passant par la batterie, la mémoire embarquée, le gyroscope ou encore le wi-fi.
Projet Ara
Tout a « presque » commencé en septembre, car Motorola a attendu que la vidéo du jeune Hollandais fasse un véritable tabac pour lever une partie du voile sur le projet Ara, projet en développement depuis plus d’un an selon le constructeur américain. Avec une différence notable : abandonner le système de « pin » permettant aux éléments de se clipser aisément à la base, au profit d’un système de pièces coulissantes.
Motorola et 3D Systems se proposent donc, avec ce projet, de mettre au point une ligne de smartphone modulable composée d’une « base commune » conçue pour durer, et de composants remplaçables, s’adaptant facilement sur la base, comme des briques de Lego emboîtables les unes aux autres, mais coulissantes. Plus besoin de se sentir obligé de se débarrasser de son téléphone à l’arrivée d’un nouveau modèle, ou lorsqu’un seul des éléments ne fonctionne plus (alors que les autres composants fonctionnent très bien).
Seconde collaboration pour Motorola et 3D Systems
Les deux entreprises n’en sont pas à leur première collaboration : Motorola et 3D Systems s’étaient déjà retrouvées ensemble pour « MakeWithX », une tournée promotionnelle à travers les États-Unis proposant aux utilisateurs du Moto X, le smartphone à écran tactile maison, de lui créer une coque personnalisée à l’aide d’une imprimante 3D « Cube ». Il faudra bien tout le sérieux et l’expérience de la filiale mobile de Google, ainsi que le dynamisme et le savoir-faire de la jeune 3D Systems pour apaiser les doutes des sceptiques, car au-delà de l’idée séduisante du smartphone modulable présentée dans la vidéo, Phonebloks n’avait guère convaincu les technophiles les plus avertis.
Quelques doutes sur la faisabilité
En effet, le projet du jeune Hollandais se heurtait à des problèmes complexes de niveaux de paradiaphonie (diaphonie locale ou NEXT : Near End Cross Talk) et de télédiaphonie (diaphonie distante ou FEXT : Far End Cross Talk), interférences entre les signaux de deux paires à la même extrémité de liaison, signaux parasites dont les effets néfastes (à la réception ou à l’émission) peuvent entraîner des blocages. Ce bruit, aussi nommé « crosstalk » en anglais, est donc une conséquence directe de l’induction électromagnétique.
Autre problème : la modularité du smartphone imaginé par Dave Hakkens ferait exploser le poids et la taille du terminal, notamment pour rendre « autonome » chaque bloc, entraînant entre autre la présence de composants redondants.
« Eco-Mobius », projet du constructeur chinois ZTE
Les Américains ne sont pas les seuls sur le coup : le constructeur chinois ZTE bûcherait également sur un projet de smartphone évolutif, baptisé « Eco-Mobius ». Le projet de ZTE s’inscrirait dans une démarche écologique, avec un smartphone composé de quatre éléments modulables (un écran, une base, une batterie et un appareil photo) et personnalisables, laissant à l’utilisateur le loisir d’améliorer le CPU, la mémoire ou encore le processeur graphique.
Aucune date n’est pour le moment avancée en ce qui concerne « Eco-Mobius », alors que Motorola devrait mettre une version test de son téléphone à la disposition des développeurs cet hiver.
Par Moonzur Rahman
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