La France est entrée en récession, la production hexagonale diminue et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, aimerait bien relancer les machines.
Il a donc décidé de miser en partie sur la robotique. Et pour cause : la Commission européenne estime à 100 milliards d’euros en 2020 le marché de la seule robotique de service.
Voilà une bonne raison de vouloir être parmi les leaders ! Alors, quitte à se fixer des objectifs, autant viser haut et chercher à se hisser parmi les 5 nations leader de la robotique dans le monde d’ici 2020.
On distingue traditionnellement la robotique industrielle de la robotique de service à usage personnel ou professionnel.
La première constitue un marché mature dominé par les Japonais, les Américains et les Allemands ; la seconde est un marché émergeant au potentiel de croissance considérable.
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Cette distinction tend cependant de plus en plus à s’estomper, car les briques technologiques concernant les deux domaines sont largement communes.
Ce rapprochement est encore davantage renforcé par l’émergence de la « cobotique », c’est-à-dire la cohabitation des humains et des robots.
Des filières françaises à consolider et à fédérer
En matière de robotique, il n’existe pas à ce jour de leadeurs industriels français mondiaux. Notre pays possède toutefois de nombreuses briques technologiques et de nombreux acteurs performants connexes à cette filière.
On y trouve des intégrateurs et des équipementiers de haut niveau, quelques dizaines de start up technologiques, des pôles de compétitivité mondiaux ou à vocation mondiale travaillant sur la robotique et EADS, Thalès ou EDF ont lancé des programmes de recherche importants.
Pour cette raison, la recherche robotique française est encore peu représentée dans les projets européens.
Sa participation s’élève à 5,6 %, pendant que celle de l’Allemagne monte à 27,4 %, celle de la Grande Bretagne à 17,3 % et celle de l’Italie à 12,4 % !
Dans cette perspective, le plan « France Robots Initiatives » cherchera à renforcer la participation française aux projets de recherche européens et tentera de structurer la filière, la développer et créer les conditions propices à l’émergence d’un marché sur le long terme.
Pour que la réussite soit au rendez-vous, le plan prévoit une large palette d’outils.
Quel est le plan d’actions ?
Le marché étant encore émergeant, le plan « France Robots initiatives » donne la priorité à la robotique de service à usage personnel et professionnel.
Il cherche aussi à développer une offre française mondiale en matière de cobotique et de machines intelligentes destinée notamment aux PME.
Ces systèmes permettront d’importantes avancées dans les secteurs où les opérateurs ont besoin de robots performants, notamment en médecine, aéronautique, défense et nucléaire.
Le plan se propose de répondre à trois enjeux majeurs : trouver des aides financières à la filière robotique, fédérer la filière et améliorer la compétitivité industrielle des entreprises pour maintenir et même relocaliser la production et l’emploi industriel en France.
Il prévoit aussi de soutenir la formation, la R&D et l’innovation. Pour réussir cette nouvelle industrialisation, il faudra notamment parvenir à améliorer le transfert technologique des académiques vers l’industrie.
Pour mieux fédérer la filière, des états généraux de la robotique seront organisés chaque année.
Ils pourraient se tenir en marge du salon InnoRobo, désormais identifié comme le rendez-vous européen de la robotique de service, qui réunit les grands experts européens, coréens, japonais et américains.
Le plan prévoit également de développer les défis, sur le principe des trophées de la robotique étudiants. Ces défis constituent en effet un catalyseur puissant de collaborations entre le monde académique et le monde de l’entreprise. Plusieurs défis ciblés sur des verrous ou simplement des objectifs bien identifiés pourraient être lancés la même année. Le Ministère financement de ces défis se fera à hauteur de 1,5 millions d’euros.
Des graines à faire germer
Le plan prévoit également le soutien à la robotique par l’achat public innovant. De plus, dans le cadre du programme des investissements d’avenir et de l’appel à projets « filières », un appel à projet spécifique robotique soutenu à hauteur de 10 millions d’euros concernera l’industrialisation de dispositifs mettant en œuvre des briques technologiques stratégiques.
Enfin, l’émergence de ces nouveaux marchés doit être organisée dès maintenant, notamment au travers de la réglementation.
Ainsi, le marché des drones, par exemple, ne peut pas décoller en France faute d’une réglementation autorisant leur insertion progressive dans la circulation aérienne.
Il faudrait éviter cet écueil à l’avenir, par exemple pour les voitures autonomes, dont le développement de la réglementation promet des débats houleux !
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Cet article se trouve dans le dossier :
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