Voté en juin 2016, le réglement européen n°2016/2336 encadrant le chalutage en eau profonde est entré en vigueur le 12 janvier 2017. Il répond au cadre légal mis en place par les Nations Unies pour la pêche profonde en eaux internationales.
Ce réglement n’interdit pas l’intégralité de la pêche dans les eaux profondes. Il interdit néanmoins le chalutage de fond, au-delà de 800 mètres de profondeur. Cette interdiction était attendue depuis des années par les ONG du secteur, pour empêcher une destruction des fonds marins, qui s’opère jusqu’à 2.000 mètres. Par ailleurs, les zones abritant ou susceptibles d’abriter des écosystèmes marins vulnérables devront être fermées à la pêche de fond à moins que la pêche puisse être gérée sans générer d’impacts négatifs importants.
Des fonds marins mieux protégés
Les navires, à l’exception des chaluts de fonds, pourront continuer à pêcher en eaux profondes, dans les zones historiquement pêchées. Des études d’impact environnemental seront nécessaires pour pouvoir pêcher en dehors de la zone de pêche historique, mais uniquement pour les navires classés comme « ciblant » les espèces profondes. Les autres pourront pêcher sans faire d’étude d’impact préalable.
Tout navire pratiquant la pêche à des profondeurs supérieures à 400 mètres et rencontrant des écosystèmes marins vulnérables devra s’éloigner des zones concernées d’au moins 5 miles nautiques. Son devoir sera de les signaler aux autorités en vue de leur fermeture.
Ces dispositifs de protection s’accompagnent de mesures renforcées sur le contrôle des activités de pêche, la collecte de données et l’observation scientifique à bord des navires.Des observateurs scientifiques seront notamment obligatoires sur 20% des navires ciblant les espèces profondes.
Un succès en demi-teinte
Les espèces profondes vivent longtemps, grandissent lentement et atteignent tardivement la maturité sexuelle. Leur biologie les rend donc plus vulnérables à la pêche que les espèces de surface. Le réglement ne prend finalement aucune mesure concernant la gestion des stocks de poissons. Pas plus que sur les « prises accessoires » d’espèces profondes, comme les requins.@
Notons que le texte se limite aux seules eaux européennes et aux eaux internationales de l’Atlantique Centre-Est. Selon l’association Bloom, cette disposition a été mise en place sous la pression de l’Espagne pour que ses navires, pêchant principalement en eaux internationales, ne soient pas impactés par le règlement.
Les chalutiers sont des bateaux allant de 6 à plus de 50 mètres et qui pêchent grâce à un filet conique (chalut) qu’ils traînent dans l’eau. Le chalut de fond ne pénètre pas le sédiment, mais il détériore les habitats et les organismes posés sur le fond.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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