« C’était une décision difficile, mais c’était la bonne pour Peabody. Ce processus nous permettra de renforcer nos liquidités, de réduire notre dette, et de construire, sur nos réussites de ces dernières années, les fondations d’une stabilité et d’une réussite de long terme », a indiqué Glenn Kellow, le directeur exécutif dans un communiqué. Mais avant de retrouver d’éventuels lendemains qui chantent, le groupe américain va devoir faire face à une dette estimée à 50 milliards de dollars.
Echec australien
Les difficultés de Peabody s’expliquent en partie par la baisse continue des cours du charbon depuis deux ans. La tonne s’échange aujourd’hui autour de 40$ contre 60$ auparavant. Une baisse des cours qui s’explique notamment par une consommation asiatique, et notamment chinoise, moins élevée que prévue en raison de la crise économique de 2008, qui continue à faire sentir ses effets et aux mesures de lutte contre la pollution adoptées par Pékin.
Mais la baisse des cours (qui est loin d’être aussi violente que celle du baril du brut) n’est pas la seule responsable. Comme beaucoup d’autres, Peabody n’a pas anticipé la longueur de la crise et l’impact des politiques d’austérité sur l’activité économique mondiale. Pire, Peabody a consenti des investissements très lourds dans cette période incertaine. Ainsi, le groupe américain a acquis l’australien Macarthur en 2011 pour la bagatelle de 5,1 milliards de dollars, à travers un montage juridico-financier (LBO) s’appuyant essentiellement sur une émission de dette. Ces actifs devaient permettre à Peabody de se renforcer sur le marché du charbon de sidérurgie. Mais là encore, le ralentissement économique mondial a rendu cette opération très coûteuse. Sur la seule année dernière, la compagnie a passé pas moins de 700 millions $ de dépréciations sur ses actifs australiens.
L’affaire Peabody fait la Une des quotidiens économiques car l’envergure de cette faillite impressionne. Mais son histoire est finalement la même que ces dizaines de compagnies indépendantes qui ont mis la clé sous la porte. Selon les données de gouvernement américain, c’est 45% de la production de charbon de l’Oncle Sam qui se serait ainsi volatilisée en 2014.
Romain Chicheportiche
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