A l'occasion du 18e colloque du syndicat des énergies renouvelables le 31 janvier, Patrick Pouyanné, PDG de Total s'est prononcé en faveur d'un prix du carbone de 20 à 30 euros la tonne. Seul moyen pour lui d'empêcher le développement du charbon, au détriment du gaz.
« En l’absence de prix du carbone, le mix énergétique va profondément évoluer vers un mix charbon – renouvelables », analyse Patrick Pouyanné, PDG de Total. Et ceci partout dans le monde ! « C’est assez paradoxal, mais vrai pour beaucoup de pays », ajoute-t-il. C’est déjà le cas de l’Allemagne et du Danemark proche de nous. Mais c’est aussi vrai dans les grands pays asiatiques tels que la Chine, l’Inde ou le Japon.
La transition énergétique, c’est favoriser les économies d’énergies, augmenter la part des énergies renouvelables, diminuer les énergies fossiles, mais surtout lutter contre le charbon. « Il n’y a qu’une seule façon de le faire, c’est le prix du carbone », défend Patrick Pouyanné. Un signal de prix assez fort permettrait de faire un « switch du charbon au gaz », renforcer la compétitivité des énergies renouvelables avec moins de subventions et inciter à développer les technologies de captage/stockage du CO2.
Preuve de ce combat pour un prix du carbone, le PDG rappelle l’appel qui a été fait par Total en mai 2015, aux côtés des britanniques BG et BP, de l’italien Eni, de l’anglo-néerlandais Shell et du norvégien Statoil pour des mécanismes de tarification du carbone s’appliquant dans tous les pays du globe. Les différents acteurs s’accordent pour dire qu’un prix situé entre 20 et 30 euros, serait suffisant pour remplacer le charbon par le gaz. Mais il ne faut pas chercher à avoir un prix unique dans le monde et « il ne faut pas parler d’une taxe à 100 euros ou 100 dollars la tonne qui fait peur à tout le monde», s’alarme le PDG. Il défend ainsi un marché européen plus efficace que l’ETS (Emission Trading system), le marché européen actuel du carbone, où le prix de la tonne de CO2 avoisine les 6 euros. Les Anglais ont décidé d’agir de façon unilatérale et instauré une taxe carbone de 20 euros la tonne il y a deux ans. « Cela a suffit pour que le système électrique britannique switche du charbon au gaz », rappelle Patrick Pouyanné.
En août 2015, Total confirmait la fin de toutes ses activités liées au charbon. En avril 2016, l’entreprise annonçait un virage stratégique pour renforcer ses activités dans les énergies renouvelables et le gaz naturel. Mais Total restera une major des hydrocarbures. D’ici 20 ans, « notre mix énergétique sera peut-être 35-40% de pétrole, 45-50% de gaz et le reste dans les énergies bas carbone : biomasse, solaire et stockage », prévient le PDG.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Si Total pouvait même passer le prix à 50€ la tonne (voire encore plus), c’est sûr que ça l’arrangerait; En effet, Total se voit attribuer par l’Europe, plus de points carbone que Total n’en consomme. Donc Total peut revendre ses points carbone non utilisés à des petites sociétés qui elles, reçoivent moins de points carbone qu’elles n’en consomment et qui donc, doivent acheter à Total (entre autres) des « droits de polluer » en carbone; Ainsi Total se met dans la poche des dizaines de millions d’euros sur le dos des plus petites entreprises!! Total n’est pas la seule entreprise à profiter de ce scandale de la « taxe carbone » ; il y a aussi le groupe Lafarge dit-on…
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