Le réemploi se développe doucement dans le bâtiment. Objectif: diminuer les déchets, dans un secteur qui produit environ 50 millions de tonnes de déchets par an en France, dont 14 millions en Ile-de-France.
Dans ce cadre, la Ville de Paris fait figure de pionnier en France. En témoigne notamment la volonté de la mairie de Paris de s’engager dans le développement de filières de réemploi et de recyclage pour ses bâtiments publics, dans le cadre de son premier Plan d’économie circulaire 2017-2020. Paris devient ainsi la première collectivité française à définir une telle stratégie.
- Le réemploi dans les bâtiments à Paris
- La feuille de route du Plan économie circulaire de Paris vise notamment à développer l’économie circulaire dans le bâtiment et les travaux publics. « L’objectif dans le BTP est de passer de la démolition à la déconstruction », prévient Antoinette Guhl, adjointe à la Maire de Paris chargée de l’économie sociale et solidaire, de l’innovation sociale et de l’économie circulaire. D’ici 2020, l’idée est d’entreprendre une dizaine de chantiers de déconstruction, dans le public. Certains sites sont déjà identifiés: la caserne de Reuilly, l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, la crèche Max Jacob, l’école d’Alembert à Montévrain… Avec pour objectif d’obliger tout porteur de projet à réaliser un diagnostic de réemploi, via les permis de construction ou de démolition, dès 2020.
- Ce développement nécessite un atelier municipal du réemploi de matériaux pour les travaux de construction, de maintenance ou de réhabilitation des 3.600 bâtiments municipaux parisiens. Avec ses 2.000 m2, ce sera le rôle de l’atelier Bédier. « Ce sont des ateliers de menuiseries, d’électricité, des lieux de stockage et qui permettent aux agents de la ville de récupérer tous ces matériaux pour les remettre en l’état afin qu’ils soient réutilisés dans d’autres bâtiments de la ville », résume Antoinette Guhl. L’administration parisienne aura de son côté à travailler aux normes d’intégration du réemploi et de sécurité avec les pouvoirs publics. Avec pour objectif de systématiser le recours au réemploi et à la réutilisation en 2019.
Mailler le territoire parisien
Le réemploi peut s’envisager à plusieurs échelles. In-situ, à l’échelle d’un éco-quartier où déconstruction, tri, reconditionnement, transformation, stockage et réutilisation sont menés de front. Mais aussi en trouvant des chantiers dont la date et la durée correspondent à l’opération. Cela impose, très en amont du chantier, l’identification des gisements de matériaux de réemploi dans l’environnement du site. Enfin, lorsque cela n’est pas possible, il convient de regrouper les matériaux sur des plateformes locales de reconditionnement et de stockage. Ces dernières pourront aussi accueillir les surplus de chantier ou les invendus de négoce.
Pour organiser cette construction circulaire, Paris va déjà recenser et cartograpier les espaces disponibles qui pourraient être utilisés comme plateforme de conditionnement et stockage, sur une ou deux zones expérimentales. Plateformes existantes, en cours de création ou programmées, entreprises disponibles pour un temps fini (pour des plateformes éphémères) seront recensées. Avec pour objectif de cartographier l’offre de stockage et de reconditionnement sur tout le territoire parisien d’ici 2020.
Un tissu à construire pour changer d’échelle
En juillet 2016, l’ADEME a rendu un rapport sur les principaux freins au réemploi. Ils sont d’ordre technique, juridique, économique, liés à l’environnement et à la santé ou encore aux perceptions et pratiques des acteurs. Les principaux freins sont la structuration des pratiques et l’organisation logistique. Le réemploi nécessite aussi une adaptation des contrats de garantie.
En attendant que le cadre juridique soit bien défini, Paris souhaite construire l’offre. La Ville va ainsi répertorier les possibilités de réemploi et identifier les gisements de produits réemployables. Mais aussi mettre en relation les acteurs du réemploi. Le réemploi pourra alors trouver sa place dans des marchés de commandes publiques ou privée, pour des opérations de réhabilitation, voire de construction neuve, d’habitats ou de bureaux.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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