L’entreprise Osmosun veut « devenir un acteur de référence du marché de l’eau “bas carbone” ». Sur des marchés en plein essor, elle mise notamment sur le solaire et ses innovations pour dessaler l’eau de mer. Présentation.
1,1 milliard de personnes souffrent de pénurie d’eau à travers le monde. Le dérèglement climatique, en modifiant le régime de précipitations, amplifie déjà le phénomène et 3,9 milliards en souffriront d’ici 2050 selon l’OCDE. Dans cette perspective, plusieurs entreprises misent sur le dessalement d’eau de mer et d’eau saumâtre pour produire de l’eau potable. Parmi elles, Osmosun fait notamment le pari de l’énergie solaire, afin de « devenir un acteur de référence du marché de l’eau “bas carbone” ».
L’entreprise, qui a levé 10 millions d’euros en 2023, a déjà déployé une soixantaine de projets permettant de produire de 1 à 5 000 m3 d’eau potable par jour par osmose inverse, en Afrique, dans l’Océan Indien, en Asie du Sud-est et dans le Pacifique sud. Elle a lancé en octobre dernier Osmosun MA au Maroc, coentreprise à parité avec le groupe industriel marocain PCS, pour répondre au Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI). Ce dernier compte porter la part de l’eau potable provenant de l’eau de mer dans le pays, de 11 % à 50 % d’ici 2030.
Une question de pression et d’électricité
Pour filtrer l’eau de mer à travers la membrane d’osmose inverse, il faut la monter fortement en pression. « Pour l’eau de mer salée à 35 g/L, la pression se situe entre 70 et 80 bars », détaille Quentin Ragetly. Et qui dit forte pression, dit consommation électrique importante. « Pour dessaler 1 m3 d’eau de mer à 35 g/L, il faut environ 2,5 kilowattheures [kWh] pour la partie osmose inverse, calcule le PDG. Si vous ajoutez des pompes pour aller chercher l’eau de mer plus loin, alimenter un stockage en hauteur en sortie pour l’eau douce, vous pouvez monter à 3-4 kWh. »
Pour produire de l’eau « bas carbone », l’enjeu principal réside dans l’origine de l’électricité utilisée. « Le point de départ a été le solaire sans batterie afin d’avoir l’élément le plus robuste dans les zones reculées, partage Quentin Ragetly, PDG d’Osmosun. Désormais, on regarde la meilleure option énergétique locale en termes d’émissions de CO2 pour produire l’eau dessalée la moins chère. En fonction du contexte [communauté reculée, municipalité, situation d’urgence, agriculture, hôtellerie, industrie minière, activité industrielle, NDLR], on peut faire de l’hybridation avec le réseau, de l’éolien ou installer une batterie. » Maxime Therrillion, responsable du développement commercial indique, ainsi que « sur de l’eau de mer, on est sur un coût de production entre 80 centimes et 1,5 € par m3 ».
Les trois innovations d’Osmosun
Le procédé et le bon fonctionnement des pompes et des membranes sont très sensibles à toute variation brutale de pression. Osmosun a ainsi développé trois innovations qui permettent de s’affranchir de batteries dans le cas d’une production électrique intermittente. « Un équipement mécanique compense et stabilise en continu la pression, à la hausse ou à la baisse, dans le système lorsqu’il y a des modifications d’alimentation électrique », partage Quentin Ragetly. Sans cette innovation, « nos concurrents doivent ajouter des batteries pour lisser la production d’électricité », ce qui augmente le coût et la complexité des projets.
L’entreprise a également développé deux algorithmes pour optimiser la production d’eau potable. Un premier permet de suivre en temps réel la puissance maximale des panneaux solaires afin de consommer le moindre électron produit. Un deuxième redéfinit en conséquence le meilleur réglage de tous les paramètres du procédé. « En temps réel, on a un système qui nous protège de la pression et deux algorithmes qui viennent en permanence ajuster en fonction de l’alimentation électrique le meilleur niveau de production en eau », résume Quentin Ragetly. L’entreprise assure ainsi l’intégralité des projets. « Pour un projet de dessalement, on fait toute la conception, de la prise d’eau jusqu’au point de connexion pour la distribution dans le réseau ».
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