Rien dans l’histoire de la langue française ne nous impose de différence entre le terme morale et le terme éthique, le premier vient du latin (mos-moris), le second du grec (èthos ou éthos). L’un est l’autre désigne les mœurs, la conduite de la vie, les règles de comportement.
Selon le Larousse, la morale est une partie de la philosophie qui traite de la façon dont il faudrait vivre. Dans le champ de la philosophie, la morale désigne donc la théorie des fins de l’homme. Mais le mot « morale » morale désigne aussi l’ensemble des règles d’action et des valeurs qui fonctionnent comme normes dans une société. L’éthique, en philosophie, est l’étude des fondements de la morale. Mais elle désigne aussi un ensemble de règles de conduite.
Étymologiquement, le sens de ces deux mots est identique. Historiquement, ils ont d’ailleurs été employés l’un pour l’autre avec un sens très large. Ils ont en commun de concerner tous les deux le bien et le mal. Ce n’est que depuis peu de temps qu’ils sont parfois perçus comme ayant des sens différents voire opposés. Des définitions concurrentes coexistent produite dans des mondes ou des disciplines académiques divers (les milieux économiques, celui de l’éthique des affaires ou encore de la philosophie morale n’utilisent pas ces termes de façon identique).
Des différences d’usage existent aussi au sein de chacun de ces mondes et disciplines (certains philosophes les emploient l’un pour l’autre, les distinctions proposées ne sont pas les même parmi les philosophes). Cependant, au delà des divergences se trouvent des fonctions identifiées par tous : la première consiste à réguler l’action (donner des règles), la seconde à questionner (analyser, légitimer les normes ou les décisions). Enfin, l’éthique comme la morale sont liées au registre de l’action (décider, poser des actes concrets).
Le terme déontologie qui vient du grec (deon-deontos) n’a pas posé de problème d’usage en France jusqu’à la fin du 20eme siècle. Rarement utilisé comme synonyme de morale (bien que l’expression « morale professionnelle » soit très présente dans les travaux d’Emile Durkheim, il comporte un sens juridique étroit et un usage commun plus élargi qui n’en altère pas le sens, et qui est reconnu par le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM). Cependant, la frontière avec le mot éthique est devenue plus floue depuis que l’usage de ce dernier s’est développé dans les milieux économiques dans un contexte de mondialisation des échanges. En effet, le terme anglais ethics désigne parfois, comme dans l’expression code of ethics, des règles non juridiques de bonne pratique professionnelle ou commerciale. Il pourrait être traduit par déontologie ou par code de conduite pour être conforme à l’usage de la langue française. Pourtant, il est souvent traduit par le mot éthique induisant dès lors une certaine confusion. Rappelons ici que dans les années 2000, 90 % des entreprises américaines étaient doté de ce genre de document, contre 10 % des entreprises françaises. Le mot et sa traduction littérale ont traversé l’Atlantique à partir de la toute fin du XXe siècle.
Un rapport demandé fin 2005 par Gérard Larcher, alors Ministre du travail, sur les codes d’éthique et les systèmes d’alerte a été un bon révélateur de l’intérêt croissant porté en France à l’éthique comme outil de gestion des organisations de même que la circulaire de la Direction Générale du Travail du 19 novembre 2008. Cette dernière a aussi été l’occasion de situer le genre d’écrit que sont les codes et chartes d’éthique de plus en plus présentes en entreprise dans le contexte plus large des textes régulant les relations professionnelles, telle que les règlements intérieurs.
Par Christelle Didier
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