Selon le rapport 2017 de l'ONU sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, les engagements nationaux pris lors de l'Accord de Paris sont largement insuffisants pour limiter la hausse des températures à 2°C d'ici 2100. L'ONU dresse plusieurs propositions pour accélérer l'action à court-terme et accroître le niveau d’ambition à long terme.
En 2016, les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignaient 51,9 gigatonnes équivalent CO2 (GtCO2e). Pour atteindre l’objectif des 2°C, les émissions ne devraient pas excéder 42 Gt en 2030. Et s’il fallait réellement rester sous la barre des 1,5°C, elles ne devraient pas dépasser 36 Gt. Toutefois, l’ONU estime que si les contributions nationales (NDC) actuellement actées étaient respectées, le monde émettrait encore 52,8 Gt à cet horizon. De quoi faire grimper le thermomètre d’au moins 3°C à la fin du siècle. Si aucune mesure supplémentaire n’est mise en place, 80 % du budget carbone pour espérer limiter le réchauffement à 2°C sera consommé en 2030. Et il sera déjà trop tard pour limiter le réchauffement à 1,5°C.
Les contributions des pays ayant pris part à la COP21 ne représentent qu’un tiers de la réduction des émissions nécessaires d’ici 2030. Il devient donc urgent de les réviser fortement à la hausse avant 2020. Et pour combler un écart entre 11 et 17 Gt, l’ONU propose plusieurs pistes.
Investir fortement dans des technologies éprouvées
Si les émissions mondiales de CO2 ont stagné entre 2014 et 2016, elles n’ont pas diminué. Et d’autres gaz à effet de serre, tels que le méthane, continuent à être de plus en plus rejetés. Rien n’est gagné. «Une accélération de la croissance économique mondiale pourrait facilement remettre faire repartir à la hausse les émissions de CO2», prévient l’ONU.
Grâce des solutions éprouvées, l’organisation propose de déployer rapidement des technologies dans six secteurs clés. À savoir l’agriculture, les bâtiments, l’énergie, la foresterie, l’industrie et les transports. Les experts identifient des réductions pouvant atteindre 36 Gt. Les investissements seraient inférieurs à 100 dollars la tonne de CO2 évitée. De quoi largement atteindre les objectifs.
Par ailleurs en concentrant l’action seulement dans quelques domaines – énergie solaire et éolienne, reboisement, efficacité énergétique, transports économes, fin de la déforestation – il serait possible de faire baisser les émissions jusqu’à 22 GtCO2e. «Toutes ces mesures peuvent être réalisées à des coûts modestes ou même négatifs, et dans la plupart des cas il y a des politiques éprouvées qui peuvent être répliquées», juge l’ONU.
D’autres actions en perspective
L’ONU propose aussi de faire jouer une plus grande part aux acteurs sous-nationaux et non étatiques. Les experts visent les régions, les gouvernements locaux et les entreprises. Particulièrement, les 100 entreprises les plus polluantes représenteraient environ un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Par ailleurs, le respect des engagements de l’amendement de Kigali au Protocole de Montréal pour mettre fin aux hydrofluorocarbures permettrait de diminuer les émissions de 0,7 GtCO2e en 2030.
Un secteur doit particulièrement être pris à bras le corps. C’est celui de la production d’électricité à base de charbon. L’ONU estime qu’il y a 6.683 centrales à charbon en activité dans le monde. Si elles sont opérées jusqu’à leur fin de vie sans système de capture et de stockage de CO2, elles émettront un total de 190 GtCO2e. Et avec les centrales en projet ou en cours de construction, elles pourraient entraîner l’émission de 150 GtCO2e. supplémentaires, pour un total de 340 GtCO2e. En comparaison, le budget restant pour espérer rester sous les 2°C est d’environ 1.000 GtCO2e et de 300 GtCO2e pour rester sous les 1,5°C. L’ONU prône donc leur fermeture progressive et leur remplacement par des énergies renouvelables.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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