En actant la fermeture de 14 centrales nucléaires d’ici 2035, la PPE se donne les moyens de ramener à 50 % la part du nucléaire dans le mix électrique français. En décidant de ne fermer aucun site nucléaire, l’Etat se laisse la possibilité de construire de nouvelles centrales.
L’avenir du nucléaire français, à travers la lecture de la PPE, permet de dessiner une trajectoire claire : la part du nucléaire dans le mix électrique français va baisser pour atteindre 50 % en 2035, selon les objectifs annoncés par la PPE. 14 réacteurs vont fermer, à commencer par ceux de Fessenheim, puis deux autres en 2027/2028.
Mais la fermeture de réacteurs ne s’accompagnera pas de celle des centrales à proprement parler. François De Rugy l’a confirmé, ceci « pour ne pas déstabiliser les territoires et permettre la construction de nouveaux réacteurs lorsqu’ils seraient décidés ».
A côté de ça, la décision concernant la construction de ces nouveaux EPR est reportée à 2020 ou 2021, « pour en faire un enjeu électoral », indique François De Rugy.
La décennie qui s’annonce pour la filière nucléaire relève d’un double enjeu : poursuivre les objectifs de réduction de la consommation d’énergies fossiles via le nucléaire notamment, tout en maintenant l’outil de production et en n’excluant pas la construction de nouveaux réacteurs si nécessaire.
L’augmentation de la consommation électrique, clé de voute de la stratégie française
Un choix stratégique également dicté par la prévision d’une consommation électrique en légère augmentation sur la période 2018/2028, scénario qui remet le nucléaire au centre du mix français.
Le choix retenu dans la PPE de miser sur une légère augmentation de la consommation d’électricité suit les recommandations émises par EDF. RTE, lui, a défendu le choix d’une prévision à baisse de la consommation électrique, sans succès.
Après, chacun est dans son rôle : les promoteurs des énergies renouvelables regrettent ce choix, arguant que le développement massif du solaire/éolien et de technologies de stockage permettraient de réduire la consommation d’électricité globale en la pilotant plus intelligemment, tout en intégrant de plus en plus ces énergies renouvelables dans le réseau.
Les promoteurs du nucléaire, de leur côté, trouvent que les choix de la PPE sont cohérents et permettront d’appréhender au mieux une augmentation des besoins électriques. Besoins que seule l’énergie nucléaire – pour le moment – permet de gérer dans le temps avec l’infrastructure existante.
La France est le seul pays au monde à miser sur l’énergie nucléaire sur du moyen/long terme
Deux visions, et une réalité : Depuis 10 ans, la consommation électrique par habitant baisse légèrement en France. Mais ce chiffre n’est qu’une donnée dans une équation beaucoup plus large. Et il doit être analysé au filtre de la crise économique de la fin des années 2000.
Au sortir de la PPE, la France acte la réduction de sa dépendance au nucléaire, tout en réaffirmant cette filière comme le pilier du mix électrique français, jusqu’en 2028.
François de Rugy, en évoquant la volonté de « bâtir un nouveau modèle énergétique français », en mettant en avant deux grands mantras – la lutte contre les changements climatiques, en baissant la consommation d’énergie fossile, et la réduction de la « dépendance au nucléaire, pour que la France ne passe pas à côté des renouvelables » – estime avoir trouvé le bon équilibre.
Il n’est pas certain aujourd’hui que son avis soit partagé du côté de la filière nucléaire comme du côté des filières renouvelables.
Dans la décennie à venir l’industrie nucléaire va devoir jongler habilement entre des problématiques de compétitivité, de sûreté, de coût, en France et à l’international. Mais la filière va en plus s’atteler concrètement au démantèlement des premiers réacteurs appelés fermer. Beaucoup de challenges très compliqués.
Il est enfin intéressant de noter que la stratégie française plaçant le nucléaire au centre de son mix électrique n’a aucun équivalent dans le monde à l’heure actuelle. Un risque ou une opportunité ?
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