« Seule l’utopie du futur réconforte contre le pessimisme de l’Histoire ». Et ce ne sont pas les japonais qui diraont le contraire, en particulier en ce qui concerne le nucléaire.
A contre courant du discours rassurant de l’industrie de l’atome sur le thème « le nucléaire est un industrie sans risques« , les japonais ont décidé d’arrêter la production d’électricité issues de l’énergie nucléaire. Un choix majeur, dans un pays frarppé en mars 2011 par une catastrophe nucléaire terrible, qui est d’ailleurs loin d’être terminée.
La sortie du nucléaire n’est plus qu’une lubie écologiste
Après l’Allemagne et la Suisse, le Japon est donc le troisième pays à sortir du nucléaire depuis la catastrophe du 11 mars 2011, qui a forcé plus de 100 000 personnes à fuir leur domicile, sans savoir si un retour sera un jour possible.
Cette sortie de l’atome, alors que le Japon tire aujourd’hui 30 % de son électricité de la production nucléaire, permet également de remettre en perspective les discours politiques univoques depuis plus d’un an, comparant à des fous inconscients toutes voix évoquant une sortie du nucléaire. Il apparaît aujourd’hui que cette décision est un choix sécuritaire et stratégique, et non une lubie écologiste idéaliste et naïve.
En France, le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait soutenu la filière nucléaire, refusant même de qualifier Fukushima de catastrophe pendant de longs jours. Le programme électoral de François Hollande, qui paraissait plus volontariste – plus ouvert en tout cas – en matière de nucléaire, reste aujourd’hui un point d’interrogation. La centrale de Fesseinheim doit fermer, cela a été confirmé suite à l’incident ayant eu lieu dans la centrale début septembre (l’incident en question n’étant pas du tout d’origine nucléaire).
Fukushima, une situation toujours pas sous contrôle
Depuis, le Ministre Arnaud Montebourg a tenu à rappeler que le nucléaire restait une filière d’avenir en France.
Quoi qu’il arrive, ces décisions ambitieuses vont probablement participer à forger au sein de l’opinion publique la certitude que la sortie du nucléaire mérite d’être débattue, et que les énergies propres méritent plus d’investissements.
Depuis des mois, les autorités japonaises mettent en place un « nouveau plan énergie » pour le pays, qui a dû fortement augmenter ses importations de gaz naturel depuis l’accident pour compenser la baisse de production nucléaire. La semaine dernière, le Parti démocrate du Japon (PDJ) de Mr Noda a publié un programme énergétique qui devrait servir de canevas aux décisions du gouvernement.
Le programme du PDJ suggère, outre l’arrêt de la production nucléaire d’ici 2030, que le Japon développe davantage les énergies renouvelables, prenne des mesures d’économie d’énergie, exploite les ressources des mers entourant l’archipel et se fournisse à un prix raisonnable en GNL (gaz naturel liquéfié) et autres énergies fossiles, y compris les gaz de schiste.
Par Pierre Thouverez
Cet article se trouve dans le dossier :
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