Areva a annoncé, par voie de communiqué, avoir enfin trouvé un accord avec son client TVO pour solder leur contentieux sur le réacteur nucléaire EPR toujours en construction en Finlande. C’est la fin d’un feuilleton judiciaire qui durait depuis des années et qui a entaché l’image du nucléaire français.
450 M€ pour solde de tout compte
Areva SA et Siemens, membres du consortium en charge de la construction de la centrale nucléaire d’Olkiluoto 3 (OL3), ont accepté de verser à TVO la somme de 450 millions d’euros en compensation des retards dans la réalisation du projet. Une somme importante mais bien loin des 2,6 milliards d’euros exigés par l’électricien finlandais devant la Cour d’arbitrage saisie par les partenaires. Entre novembre 2016 et 2017, la Cour avait statué à trois reprises en faveur de TVO, et l’arbitrage final, prévu en début d’année, ne laissait guère de doute sur la condamnation du Français. La conciliation était donc certainement la meilleure option pour Areva. « Les Parties prévoient le closing de la transaction avant fin mars, lorsque les dernières conditions auront été satisfaites », explique le groupe. Il a également dû s’engager à ce que les fonds alloués au projet soient suffisants et couvrent l’ensemble de la période de garantie applicable. Une demande de TVO qui craignait que la reprise de la branche réacteur d’Areva par EDF n’ait une incidence négative sur le chantier d’OL3.
10 ans de retard
Après une énième révision du calendrier de mise en marche en octobre dernier, l’EPR finlandais doit entrer en service en mai 2019, soit avec 10 ans de retard. Son budget a logiquement explosé : 10 milliards d’euros contre 2,2 Mds € prévus à la signature du contrat en 2006. Autant dire que le premier exemplaire du réacteur de dernière génération d’Areva n’a pas vraiment été la vitrine du savoir-faire français qu’espéraient ses promoteurs. Un fiasco qui n’est sans doute pas à mettre au seul compte d’Areva. Si le groupe a fait preuve d’un optimisme bien trop grand pour une tête de série, a montré de sérieuses lacunes dans la conduite du chantier (qui n’était pas son cœur de métier), et dans le choix de ses fournisseurs, les relations avec son client et l’autorité de sûreté finlandaise (STUK) ne semblaient guère aisées. Le manque de communication de TVO et les procédures du STUK, jugées excessivement pointilleuses par les ingénieurs français, auraient considérablement compliqué la construction.
Selon Philippe Varin, président du conseil d’administration d’Areva SA, « ce règlement global d’un projet notoirement difficile marque un jalon essentiel dans la restructuration de l’industrie nucléaire française. Nous sommes satisfaits de cet accord qui permet de réduire très sensiblement les risques de la phase finale du projet pour toutes les parties concernées ».
Trois autres EPR sont actuellement en construction. Celui de Flamanville en France qui accuse également retards et surcoûts, et deux autres en Chine (Taïshan) qui semblent quant à eux respecter le calendrier initial. EDF a conclu en 2016 un contrat pour la construction de deux EPR à Hinkley Point en Angleterre, dont la livraison est prévue pour 2023 et a signé il y a quelques jours un protocole d’accord avec l’électricien indien NPCIL en vue de la réalisation de 6 EPR à Jaitapur.
Romain Chicheportiche
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