Nous avons interrogé Christophe Jouve, responsable robotique et intégrateurs chez Fronius France au sujet de ces nouvelles pratiques et notamment des avantages de la cobotique pour le soudage.
Fronius est un groupe familial autrichien proposant des solutions de soudage industrielles. Spécialiste reconnu des techniques de soudage, Fronius accompagne les industriels et fournit une multitude d’équipements dédiés au soudage manuel, robotisé et automatisé.
Christophe Jouve aide les clients de Fronius à développer des applications robotisées adaptées à leurs besoins.
Techniques de l’ingénieur : L’industrie 4.0 impactera prochainement le monde du soudage. Comment Fronius se prépare-t-il à ce bouleversement ?
Christophe Jouve : Fronius se prépare activement à l’arrivée du 4.0. Côté générateur, nous sommes prêts à fournir de la data et à intégrer tous les liens avec les serveurs et nous proposons déjà des solutions permettant de présenter les données aux utilisateurs. C’est particulièrement utile pour le suivi de la qualité de production.
Les générateurs de soudage modernes intègrent des bases de données exhaustives concernant la nature des matériaux à souder, les fils et les gaz de soudage, ce qui permet de faciliter le choix des paramètres.
Mais il est d’ores et déjà possible d’aller plus loin : en production, l’enregistrement des paramètres utilisés pour obtenir tel ou tel cordon de soudure permet par exemple de corréler la qualité de la soudure aux données des générateurs et donc de comprendre l’origine des problèmes afin de les corriger.
Si, dans 10 ans, ces pratiques seront courantes, peu de sociétés collectent actuellement les data des générateurs et les exploitent, car cela sous-entend de disposer de toute la structure informatique nécessaire. Fronius prépare donc le terrain et nous sommes déjà prêts à accompagner nos clients vers ces changements.
Comment la cobotique est-elle utilisée pour les opérations de soudage ?
En soudage, nous utilisons principalement les cobots pour leur simplicité de programmation et leur souplesse.
S’il y a techniquement peu de différences entre un cobot et un robot. Un cobot possède des limitations de sécurité qui lui permettent de travailler à proximité des opérateurs. Or, en soudage à l’arc, ces limitations de sécurité sont particulièrement nécessaires, car les émissions UV des arcs électriques sont dangereuses pour les opérateurs.
Lorsqu’on couple cet aspect robotique/cobotique à des générateurs qui sont de plus en plus sophistiqués, il devient alors possible d’améliorer la reproductibilité des pièces et d’assurer des vitesses constantes.
Dans quels cas utilise-t-on la cobotique ou la robotique pour le soudage ?
La robotique existe depuis longtemps pour le soudage de pièces en grande série, alors que le soudage manuel est nécessaire pour les pièces unitaires ou non robotisables.
Si la robotique est rentable pour les grosses productions, lorsque les temps de cycle et les quantités de pièces le justifient, la cobotique vient combler un manque en permettant de prendre en charge des séries de quelques centaines de pièces. Grâce à la cobotique et aux nouveaux outils pour le soudage, de nouvelles perspectives sont ainsi en train de s’ouvrir.
Ces équipements modernes permettent-ils d’améliorer les conditions de travail des opérateurs ?
Grâce à la cobotique, les opérateurs sont déchargés des tâches rébarbatives, tout en réduisant les risques de TMS. Les « nouveaux » soudeurs ont ainsi une double compétence de soudeur/roboticien qui valorise leur travail.
D’une manière générale, au-delà de la cobotique et de l’aspect TMS, les conditions de travail se sont aussi grandement améliorées pour les soudeurs, qui ne sont plus seulement protégés des rayonnements UV. En effet, les équipements modernes apportent désormais une protection efficace des opérateurs vis-à-vis des fumées et des poussières et assurent un renouvellement de l’air.
Enfin, lorsqu’il s’agit de tâches non robotisables, les torches manuelles sont étudiées pour être les plus légères et maniables possibles.
Les entreprises peuvent-elles miser sur ces pratiques nouvelles pour attirer de nouveaux talents ?
Ces nouvelles façons de travailler apportent en effet d’autres perspectives pour la nouvelle génération de soudeurs qui pourra se dire qu’elle n’aura pas à passer sa vie accroupie par terre à souder dans des conditions difficiles. Les solutions robotiques et cobotiques apportent ainsi des ouvertures vers une façon physiquement moins éprouvante et moins rébarbative d’aborder le métier, et donc des perspectives d’évolution qui rassurent, notamment vis-à-vis de la fin de carrière.
Cet article se trouve dans le dossier :
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