La crise sanitaire met les industriels du recyclage du plastique à rude épreuve. Entre effondrement des commandes et chute des cours des plastiques vierges, l’avenir est morose. Entretien avec Jean-Luc Petithuguenin, président de la fédération des entreprises du recyclage (Federec).
La situation est très difficile pour le recyclage des plastiques. « Le taux d’activité pendant la période de confinement et encore aujourd’hui est de l’ordre de 50 % par rapport à avant la crise », prévient Jean-Luc Petithuguenin, président de Federec et président de Paprec. Les débouchés pour le plastique recyclé sont par exemple à l’arrêt dans le secteur automobile et dans le bâtiment.
Un faible prix du pétrole qui menace l’équilibre économique de la filière
La baisse du prix des matières vierges, de l’ordre de 30 % en quelques semaines, met sous très forte pression les débouchés pour les granulés recyclés. Le PET fait exception. Et pour cause, l’Europe prévoit une obligation d’incorporation de plastique recyclé d’au moins 25 % pour les bouteilles PET transparentes d’ici 2025, puis de 30 % pour toutes les bouteilles d’ici 2030.
« Le PET vierge oscille en général autour de 1 000-1 100 euros la tonne, mais atteint en ce moment 700 euros la tonne, explique Jean-Luc Petithuguenin. Le coût de transformation du PET recyclé est de l’ordre de 1000 euros la tonne pour un prix de vente de 1 200 euros ». Dans ces conditions, seules les obligations d’incorporation permettent d’assurer les ventes de plastique recyclé. « Cela nous laisse penser que la seule façon durable de faire exister le recyclage du plastique en Europe est l’obligation d’incorporation, poursuit-il. On se dirige vers une législation qui pourrait être mise en place avant la fin de l’année avec des obligations dans tous les secteurs ». Les taux sont en cours de négociation tripartites entre les recycleurs, les plasturgistes et l’État.
De nouvelles filières menacées
La modernisation des centres de tri pour déployer l’extension des consignes de tri à l’ensemble de la France continue. « La baisse de compétitivité du recyclé par rapport au vierge va accroître la difficulté de trouver un débouché pour des plastiques qui n’étaient pas triés avant et qui vont l’être, reconnaît Jean-Luc Petithuguenin. Il ne faut pas se raconter d’histoires, pour ces plastiques, la seule alternative possible est non pas le recyclage, mais la valorisation énergétique, qui consiste à utiliser le pouvoir calorifique du plastique pour faire des combustibles solides de récupération (CSR) de façon à alimenter des boucles de chaleur ou d’électricité verte. »
Dans ces conditions de prix, le débat autour de la valorisation énergétique des plastiques souples est relancé. « La seule chose que le gouvernement peut faire, c’est de favoriser l’émergence d’une filière de valorisation pour les nouveaux plastiques triés », souligne Jean-Luc Petithuguenin. Federec demande aussi des bonus-malus réellement incitatifs dans le cadre des régimes de Responsabilité Elargie des Producteurs (REP). « Quand un emballage ne sera pas recyclable mais sera quand même mis sur le marché, si la sanction est de 10 ou 15 points de son prix de vente, il va naturellement disparaître », défend Jean-Luc Petithuguenin.
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE