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En quelques décennies, les pays nordiques ont créé une économie de la connaissance, dont le développement et la compétitivité reposent sur des objectifs de créativité et d’innovation technologique des sociétés nordiques. Avec 3,63 % de son PIB consacré à la recherche et au développement, la Suède est le pays de l’OCDE qui investit le plus massivement dans la R&D, suivi par la Finlande avec 3,47 % de son PIB.
Ces acteurs ont assez logiquement compris très tôt l’immense potentiel ouvert par les nanosciences et ne veulent pas manquer la « révolution » des nanotechnologies. Les produits contenant des nanomatériaux sont déjà présents sur le marché et les nanoparticules manufacturées, qui peuvent être métalliques, céramiques, des fullerènes (un des types de nanoparticules les plus connus), des nanotubes, parmi lesquels les tubes de carbone, se répandent de plus en plus autour de nous. Les nanomatériaux ne sont d’ailleurs pas qu’un phénomène nouveau puisque nous respirons déjà chaque jour de nombreuses nanoparticules comme le noir de carbone, utilisé de longue date dans les pneumatiques, et comme les particules qui sont créées dans les processus de combustion depuis qu’ils sont utilisés industriellement.
Cependant, comme dans tous les autres pays, les interrogations sont nombreuses sur les risques que font courir les nanomatériaux aux hommes et à l’environnement ainsi que sur les enjeux éthiques. La perspective d’un nouveau problème de santé publique comparable à celui de l’amiante est présente à tous les niveaux. Malgré l’insistance des organismes publics nordiques impliqués dans le domaine du « nano » qui soulignent le besoin d’une meilleure connaissance de ces dangers, ces derniers sont encore mal connus.
En France, sur le modèle du Grenelle de l’environnement, un débat public a été lancé, pour regrouper tous les acteurs du domaine des nanotechnologies et les représentants de la société civile de façon à les faire dialoguer autour des risques qui accompagnent ces technologies.
Moins passionné qu’en France, il existe bien un débat animé dans les pays nordiques autour du développement des nanotechnologies. Ces pays ont l’habitude d’une démarche consensuelle qui repose sur la confiance du grand public. Celui-ci semble assez pragmatique et garde à l’esprit le fait que les nanotechnologies ne représentent pas seulement un important intérêt économique pour les entreprises mais également un réel espoir pour chacun, dans les domaines médicaux et environnementaux par exemple. Les Suédois, comme leurs voisins nordiques, paraissent confiants dans la capacité des pouvoirs publics, mais aussi des entreprises, à prendre les mesures nécessaires et à voir le principe de précaution s’appliquer.
L’attitude adoptée face au développement rapide du secteur des nanotechnologies demeure cependant hétérogène dans la région. S’il ne prétend pas à l’exhaustivité, ce rapport propose quelques clés pour comprendre ces spécificités nordiques.
Ce qui ressort des différentes études et rapports publiés sur les nanotechnologies, c’est avant tout la nécessité de développer une expertise scientifique qui permettra de lever les incertitudes sur les risques et d’adopter les mesures de contrôle qui conviennent. Les pays nordiques se basent sur une coopération internationale intense pour réaliser l’immense chantier que représente l’exploration des nouvelles propriétés des nanomatériaux et des conséquences qu’ils peuvent avoir sur la santé et l’environnement tout au long de leur cycle de vie.
Il existe une intense activité des ministères responsables, ainsi que de divers organismes publics ou des agences de recherche impliqués dans le domaine des nanotechnologies, pour prévenir les risques liés à ces technologies. Le dialogue entre les acteurs économiques, les scientifiques, les autorités et le public est justement une démarche courante dans le modèle nordique. De ces mécanismes de concertation, il ressort certaines propositions pour encadrer l’essor des technologies avec les principales précautions suivantes :
- stimuler le plus possible la recherche scientifique sur les risques, notamment grâce à un effort international coordonné à la fois par l’Europe, où la Commission joue déjà un rôle central, et par des organisations comme l’OCDE ou le Conseil des pays nordiques ;
- développer des méthodes de mesures qui permettront de mieux évaluer les risques et également de mettre en place les mesures adaptées et normalisées de contrôle de l’exposition des travailleurs et des utilisateurs ;
- recenser les produits contenant des nanomatériaux pour en assurer la traçabilité et pour informer les utilisateurs ;
- renforcer la responsabilité des entreprises productrices afin qu’elles appliquent, le plus systématiquement possible, le principe de précaution. La réglementation européenne n’est pas en reste avec l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA) implantée à Helsinki et chargée de mettre en oeuvre la directive REACH qui devra, à terme, couvrir les risques liés aux nanoparticules.
Ainsi, les pays nordiques se positionnent-ils pour saisir les opportunités de nouveaux marchés représentées par les nanotechnologies. Pour autant, les différents acteurs se prononcent aux niveaux national, européen et international en faveur de l’élaboration d’une réglementation pertinente et responsable.
Pour en savoir plus : http://www.bulletins-electroniques.com
Source : Ambassade de France en Suède
Rédacteur : Antoine BAUDOIN, Antoine.BAUDOIN@diplomatie.gouv.fr, sciences@ambafrance-se.org
Origine : BE Suède numéro 12 (2/03/2010) – Ambassade de France en Suède / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/62418.htm
Dossier Techniques de l’Ingénieur : Nanotechnologies : quel potentiel, quelles limites ?
Téléchargez gratuitement ce rapport au format pdf : http://www.bulletins-electroniques.com/rapports/smm10_003.htm
Sommaire du Cahier Nanotechnologies
> Bases documentaires
- Aspects sécurité des nanomatériaux et nanoparticules manufacturés
- Régulation juridique et nanosciences
- Les nanotechnologies et le droit des brevets d’invention
> Comprendre
- « Il faut assurer la diffusion des nanotechnologies dans le tissu industriel » (Vincent Pessey – Alcimed)
- Nanotechnologies et médecine : une révolution annoncée
- La giga capacité de la nanoélectronique
- Vers le développement de nouvelles fonctions pour les matériaux
> Evaluer
- « En matière de nanocomposites, les verrous ne sont pas que technologiques » (Jean-François Hochepied – SCPI)
- « Il faut cesser d’ériger en nécessité l’objectif aveugle de garder notre rang » (Gérard Toulouse)
- Nanotechnologies : les entreprises face au risque de réputation
- Nanomatériaux : l’Afsset recommande la prudence
- Nouveau rapport d’Ambassade : les nanotechnologies dans les pays nordiques
> In situ
- Le casse-tête de l’encadrement juridique des nanotechnologies
- Comment Pamotex s’est lancé dans les nano
> Produits
- Un ciment plus respectueux de l’environnement
- Un composite né du recyclage de peintures en poudre
- 1.500 étiquettes RFID sur chaque Airbus A350 XWB
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Cet article se trouve dans le dossier :
Nanotechnologies : l'innovation permanente
- « Il faut assurer la diffusion des nanotechnologies dans le tissu industriel »
- La giga capacité de la nanoélectronique
- Recharger sa batterie électrique en 12 minutes !
- Des briques essentielles à l'innovation : les micro et nanoparticules
- Les micronanosystèmes, l’un des axes prioritaires de l’IRT
- « Dans la recherche, les nanotechnologies se diffusent dans tous les segments »
- Nanotechnologies et médecine : une révolution annoncée
- Nouveau rapport d'Ambassade : les nanotechnologies dans les pays nordiques
- Nanomatériaux : l’Afsset recommande la prudence
- Nanotechnologies : les entreprises face au risque de réputation
- Aspects sécurité des nanomatériaux et nanoparticules manufacturés
- Débat sur les nanotechnologies : conclusion ou confusion ?