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Nouveau procédé de recyclage pour les déchets textiles en polycoton : un intérêt pour la production de glucose non alimentaire

Posté le 13 février 2025
par Morgane Gillard
dans Matériaux

Avec la « fast fashion », la quantité de déchets textiles a augmenté dramatiquement ces dernières années. Or, avec un taux de recyclage extrêmement faible, en particulier pour les tissus multi-matières comme le polycoton, ces volumes de déchets commencent à poser un véritable problème environnemental. Une nouvelle étude propose cependant un nouveau procédé industriel permettant de recycler efficacement le polycoton, tout en valorisant chacun des composants.

Comme son nom l’indique, le polycoton est un tissu fabriqué à partir d’un mélange de deux matières : des fibres naturelles de coton bien sûr, et des fibres synthétiques de polyester.

Cette association confère au tissu de nombreux avantages : respirabilité et douceur, mais aussi résistance et légèreté. De fait, le polycoton est aujourd’hui très largement utilisé pour la confection de vêtements et de linge de lit. Il présente cependant un inconvénient majeur : sa composition bi-matière fait qu’il est très difficile à recycler. Or, la « fast fashion » tout comme la baisse générale de la durée de vie des produits textiles ont fait augmenter dramatiquement les volumes de déchets ces dernières années. En 2021, la production globale de fibres textiles avait ainsi atteint un record de 113 millions de tonnes. Elle pourrait même atteindre 149 millions de tonnes en 2030. Avec un taux de recyclage de seulement 1 %, cette production de masse devient un véritable problème environnemental. L’industrie textile se positionne ainsi comme le troisième secteur industriel le plus polluant, derrière l’industrie pétro-gazière et l’agriculture.

Valoriser les déchets de polycoton grâce à un nouveau procédé de séparation du coton et du polyester

Actuellement, la complexité du polycoton fait qu’il est le plus souvent incinéré ou enterré en décharges, au mieux réutilisé dans des matériaux de faible valeur (rembourrage de canapé, isolation pour véhicules, tapis…). La transition vers une économie circulaire et bas carbone nécessite cependant un recyclage avec une séparation complète des différents composants afin de pouvoir valoriser chaque matériau. Mais jusqu’à présent, aucun procédé ne présentait un intérêt industriel suffisant pour être développé plus avant.

Résidus de polyester après retrait des fibres de coton dans un textile polycoton © HIMS / Avantium.

Une équipe de chercheurs de l’Université d’Amsterdam, en coopération avec la compagnie Avantium, présente cependant une nouvelle méthode qui pourrait résoudre le problème du recyclage des déchets de polycoton. La séparation du coton des fibres de polyester est ici réalisée en utilisant un acide chlorhydrique superconcentré. La réaction, qui se fait à température ambiante, transforme la cellulose du coton en glucose. Un composé facilement valorisable, car il peut être utilisé comme matière première pour la production de matériaux biosourcés (polymères, résines, solvants…). Une fois le coton retiré du textile, il ne reste plus dans celui-ci que le maillage en polyester intact, qui peut quant à lui être facilement recyclé suivant des procédés déjà existants.

Une production de glucose à partir de ressources non alimentaires

« Être capable de récupérer du glucose à partir du coton contenu dans les déchets textiles est une contribution importante » pour le passage à une économie renouvelable et biosourcée, affirme Gert-Jan Gruter, professeur à l’Université d’Amsterdam dans le groupe Industrial Sustainable Chemistry. « Actuellement, le glucose est produit à partir d’amidon de maïs et de blé ». Or, produire des plastiques à partir de ressources alimentaires est problématique. Le glucose issu du recyclage du polycoton présente donc un intérêt majeur dans ce contexte. D’autant plus que la ressource ne manque pas.

Les détails du procédé sont décrits dans un article publié par Nature communications. Le rendement en glucose apparaît assez élevé, ce qui en fait un procédé rentable pour l’industrie. Avantium, compagnie spécialisée dans la conversion de matières premières végétales non alimentaires (le bois par exemple) en glucose et lignine, indique d’ailleurs que le glucose issu du recyclage du polycoton pourrait par exemple être utilisé pour produire du FDCA (2,5-furandicarboxylic acid), un composant crucial pour la production de PEF, un polyester biosourcé, qui représente une alternative au PET actuellement utilisé pour la fabrication des bouteilles plastiques.

« Les analyses techno-économiques apparaissent plutôt favorables et Avantium a déjà investi de façon substantielle dans le développement de ce procédé », explique Gert-Jan Gruter, co-auteur de l’étude, dans un communiqué. Des résultats encourageants, qui pourraient déboucher sur la commercialisation de grandes quantités de glucose d’origine non alimentaire.


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