Le potentiel de grandes toitures pouvant accueillir des panneaux photovoltaïques s’élargit désormais aux bâtiments ayant des structures supportant moins de 7 kg/m², grâce au panneau léger proposé par la jeune société CréaWatt.
L’engouement pour le solaire photovoltaïque est de plus en plus grand dans le monde grâce à la facilité d’installation des panneaux sur différentes surfaces, et à des prix en baisse à cause de la surproduction chinoise. En France, plus de 3 GW avaient été installés en 2023, et un gigawatt l’a déjà été au premier trimestre 2024. Ce rythme doit encore accélérer – à environ 5 GW par an – pour atteindre l’objectif 2028 le plus ambitieux de la programmation pluriannuelle de l’énergie.
Néanmoins, de nombreux bâtiments industriels ou commerciaux ont des toitures dont la structure ne peut pas supporter le poids des panneaux solaires, qui est d’environ 20 kg/m2. Pour cette raison, on estime que 100 millions de m2 ne sont pas exploitables dans l’Hexagone. Afin d’y remédier, la société CréaWatt Group a développé un type de panneaux beaucoup plus légers, de 3,5 kg/m2, qu’elle a nommé Luxsiol. Une aventure technique, mais aussi entrepreneuriale.
Enjeu d’industrialisation
L’histoire commence avec Jean-Noël Gaine, installateur photovoltaïque, qui a l’idée d’utiliser les petits panneaux photovoltaïques utilisés sur les caravanes en les fixant avec des adhésifs autogrippants. Pour les adapter aux bâtiments à grande échelle, trois défis doivent être relevés : fabriquer des panneaux plus grands et de préférence en France, disposer d’autogrippants capables de tenir longtemps en toutes conditions, et confectionner des colles adaptées tant aux panneaux qu’aux toitures.
En partenariat avec le fabricant chinois Sunman, le premier défi a été relevé. Les panneaux sont sans verre et sans cadre en aluminium puisque les cellules photovoltaïques sont soudées entre elles, avant d’être encapsulées entre des couches de fibre de verre et de résine polyester. Flexible, léger, le panneau Luxsiol fait désormais une taille de 2×1 m pour une puissance unitaire de 430 Wc. « Nous suivons de près les évolutions technologiques avec notre partenaire Sunman, et nous allons prochainement passer à un panneau de 520 Wc. Surtout, nous avons acté avec lui la possibilité d’assembler les panneaux en France : notre usine à Amilly, dans le Loiret, va monter en puissance sur trois ans pour atteindre une production annuelle de 500 MWc » détaille Laurent Mimaud, directeur général de CréaWatt Group.
Les deux autres défis ont aussi été résolus. Le système de fixation breveté EasyGrip a été conçu en partenariat avec Velcro, le spécialiste des bandes autogrippantes. Et CréaWatt a breveté des colles qu’il a spécialement élaborées : certaines servent directement en usine pour fixer la base de la bande Velcro sous le panneau, et les autres pour coller le grip sur la toiture (terrasse en bitume, PVC, bac acier, tôle ondulée). Exit, donc, les fixations par perçage/vissage, et pas besoin de mise à la terre non plus. Avec la facilité de manutention due à la légèreté des panneaux, ce système de fixation réduit le temps d’installation de 40 % par rapport à une solution classique.
Des projets de plus en plus grands
Après la création de l’entreprise en mars 2020, des certifications commencent à être concrétisées et les premiers grands chantiers se font en 2021. De mieux en mieux référencés auprès des distributeurs mi-2022, les produits de CréaWatt sont de plus en plus utilisés. Le marché visé est celui des grandes toitures ne pouvant pas supporter de trop fortes charges. Ainsi, 60 000 panneaux ont déjà été installés sur 200 bâtiments comme des supermarchés, des surfaces commerciales, des entrepôts logistiques, ainsi que des bâtiments industriels ou des gymnases. Dans beaucoup de cas, l’électricité photovoltaïque est autoconsommée et le surplus revendu. Parmi les projets majeurs, on compte l’installation d’un projet pilote sur le Pavillon de la marée au MIN de Rungis. Cet ensemble de bâtiments représente un fort potentiel photovoltaïque près de 150 MWc. Également à l’étude, la couverture de la rocade bordelaise par des ombrières sur 50 km.
« L’enjeu des certifications est crucial dans le secteur du bâtiment. Luxsiol répond à plusieurs certificats et normes, notamment la tenue au feu et la résistance à des vents de 280 km/h. Mais les produits évoluent tout le temps et la durée d’obtention des certifications est longue. Pour pouvoir déployer plus rapidement les chantiers de notre carnet de commandes, nous avons conclu un partenariat stratégique avec Generali France fin 2023 » ajoute Laurend Mimaud. L’assureur, après expertise de CréaWatt, a en effet décidé d’accorder sa confiance à la jeune pousse afin de couvrir la responsabilité civile du produit, l’assurance bâtiment et la garantie du productible, et surtout la garantie décennale, sésame indispensable dans le secteur.
L’entreprise assume aussi ses responsabilités environnementales et sociales. Elle cherche à utiliser un maximum de produits fabriqués en France ou en Europe, elle a obtenu la certification carbone Certisolis en 2022 et adhère à Soren pour élaborer le futur recyclage de ses panneaux. Côté social, elle privilégie notamment l’insertion en employant 6 salariés en situation de handicap dans son équipe de 48 collaborateurs ; et elle emploie 50 détenus de la prison d’Orléans dont certains ont été embauchés après leur peine.
Enfin, parmi les nouveautés de l’entreprise, on note la création d’un panneau Luxsiol dédié aux toitures en zinc. Soutenu par les Architectes des bâtiments de France, ce panneau recevra le trophée Innovation d’argent lors du salon Batimat fin septembre.
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