La société Biopratic propose des bacs de jardinage autonomes. Un concept adapté à l’agriculture urbaine, qui permet de mettre en place des unités de production agricole sur des espaces restreints, avec des contraintes limitées en termes de maintenance et d’arrosage.
Si de nombreux industriels, maisons de retraites, écoles, collectivités, mettent aujourd’hui en place des projets de végétalisation d’espaces, le suivi et la maintenance de ces espaces sur le moyen-long terme pose souvent des problèmes.
L’entreprise Biopratic propose un bac surélevé et autonome, qui permet de développer des activités de production agricole dans de petits espaces. Le concept d’autonomie a de quoi séduire les clients désireux de végétaliser un espace, ou de démarrer une production agricole, sans réaliser sur les bacs des interventions quotidiennes.
Romain Guy, un des trois associés de l’entreprise Biopratic, a répondu aux questions de Techniques de l’Ingénieur sur les évolutions récentes des pratiques d’agriculture urbaine.
Techniques de l’Ingénieur : Biopratic développe un bac de jardinage autonome. Pouvez-vous nous présenter cette innovation ?
Nous avons breveté un concept de jardin surélevé autonome. Il s’agit d’un bac, d’un mètre carré (1m x 1m), composé d’un bac de plantation de 35 cm de profondeur, et dont la surface est élevée à 90 cm. La partie inférieure du bac est une réserve d’eau ayant une contenance de 200 litres. Un panneau solaire, planté dans le bac, charge une batterie qui alimente une pompe, ce qui permet d’autonomiser l’arrosage en goutte à goutte.
La réserve d’eau récupère les eaux de pluie et les surplus d’arrosage. L’autonomie du jardin est estimée de 6 à 8 semaines selon les régions sans une goutte de pluie.
Depuis quelques mois, nous déclinons ce produit en l’adaptant pour une nouvelle demande : c’est un bac semi-autonome, auquel nous avons enlevé la réserve d’eau. Le bac fait donc 35 centimètres de profondeur, et est rempli au fond de billes d’argile (pour stocker l’eau), d’une couche de broyat de bois pour absorber l’eau et humidifier la couche de terre, ce qui permet d’offrir une certaine autonomie en eau par capillarité. Ce produit est adapté pour l‘agriculture urbaine et la hauteur du bac est plus adaptée pour que les enfants en bas-âge puissent participer à l’activité de jardinage.
Combien de bacs autonomes sont en moyenne commandés par les clients désireux de réaliser une installation d’agriculture urbaine ?
C’est très variable. Chaque demande que nous recevons est spécifique. Nous sommes en moyenne sur trois bacs vendus par commande. L’idée, c’est véritablement de s’adapter à la demande du client. Veut-il décorer un espace avec nos bacs ? Veut-il créer un jardin avec des objectifs en termes de rendement ? Nos bacs font un mètre carré au niveau de la surface au sol. Il est donc tout à fait possible de les aligner pour optimiser l’espace si l’on veut obtenir un certain volume produit. Si l’objectif est plus esthétique, on va avoir tendance à voir des dispositions de bacs plus aérées.
Nous réalisons des devis sur mesure en fonction des demandes de nos clients. Nous proposons un service qui va de la simple expédition du jardin à la fournitures des substrats (terre , terreau, billes d’argile), en passant par l’installation et la mise en service du jardin, la fourniture de plants et la mise en place de contrats de maintenance. Cela va dépendre des attentes du client. Après, notre objectif est de proposer un bac très facile à installer (aucun outil), simple à utiliser et résistant. Au-delà des services que nous pouvons proposer en complément de la vente, le client doit pouvoir être totalement autonome sur l’utilisation de notre produit.
Les pratiques actuelles d’agriculture urbaine misent beaucoup sur la récupération et le recyclage des matériaux : cela constitue-t-il un frein à votre développement ?
Beaucoup d’associations, c’est vrai, pratiquent une agriculture urbaine relativement artisanale, souvent en récupérant des matériaux pour fabriquer eux-mêmes leurs bacs, souvent avec du bois. Un autre frein que nous avons constaté, c’est la mauvaise image véhiculée par le plastique, constituant principal de notre bac. Beaucoup de pédagogie reste à faire sur ces sujets. Notre bac est réalisé intégralement en France, en plastique recyclable. Il est extrêmement durable et léger (30kg à vide en deux parties). Ces choix contraignants que nous nous sommes imposés ne sont pas bien compris par une partie du public, qui a trop souvent tendance à mélanger les plastiques jetables et les plastiques durables. La réalité, aujourd’hui, c’est que le plastique peut, sous certaines conditions, constituer une solution durable et écologique. Dans le cas de nos bacs, seul le plastique peut nous permettre d’allier étanchéité, résistance, et légèreté à un prix abordable.
Vos clients investissant dans les bacs autonomes le font souvent avec une ambition décorative plus que productiviste. Comment expliquez-vous cela ?
C’est vrai, et nous espérons que cette tendance va évoluer, car les bacs que nous avons développés permettent d’obtenir des rendements très intéressants grâce à une optimisation des plantations. Nous estimons que notre bac surélevé, qui a une surface d’un mètre carré, permet d’obtenir une production équivalente à 3 mètres carrés de jardin au sol. L’arrosage, par goutte à goutte, est aussi très efficace et économique en termes de quantité d’eau utilisée.
Le fait que l’agriculture urbaine se démocratise très largement en France, avec des pratiques qui se perfectionnent de plus en plus, nous fait espérer que les performances de notre produit en termes de volumes de production va participer à faire croître notre activité.
Le côté éphémère de certaines installations consacrées à l’agriculture urbaine correspond bien à l’usage de vos bacs, non ?
Oui, notre bac pourrait être un outil très pratique pour certaines installations, qui vont investir des lieux pour quelques mois ou quelques années. Nos bacs résistent parfaitement aux conditions météo, et vidés, ils restent très légers et facilement déplaçable.
Quelles sont les prochaines étapes pour Biopratic ?
Aujourd’hui, nous préparons l’avenir, en espérant un retour à la normale au niveau sanitaire, afin de poursuivre notre développement. Nous finalisons actuellement une application pour smartphone, afin de gérer les paramètres du bac à distance. Aussi, nous sommes dans une démarche de recherche de financements, qui nous permettront de développer de nouveaux produits, et de passer à une autre échelle au niveau commercial.
Propos recueillis par Pierre Thouverez
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